Jean Paul II et sa canonisation
Dans le sillage de l'ouvrage Jean Paul II l'ombre du saint que nous avons écrit avec Christine Pedotti (Paris, Albin Michel : 2020) je rassemble ici quelques liens pour éclairer certains aspects d'une canonisation. Nous estimons que cette dernière a été effectuée de manière trop rapide sans prendre le temps de faire un nécessaire devoir d'inventaire :
- le site "Jean Paul II droit d'inventaire" (hébergé sur Wordpress) donne une présentation générale de l'ouvrage et l'argumentaire autour des 20 dates-clés de sa vie.
- sur le blog :
- des éclaircissements sur la question des abus sexuels sous son pontificat : "Jean Paul II et les abus dans l'Église" (25 mai 2020).
- une réflexion sur le rôle de Jean Paul II et du catholicisme polonais dans la transition démocratique de la Guerre Froide à nos jours : "de nouveaux éclairages sur la fin du communisme et l'Église de Pologne" (7 juillet 2020)
Veille documentaire (depuis la sortie du livre en 2020)
- Christoph RÖHL (réalisateur), Défenseur de la foi, 2019, 90 min.
Diffusé sur la chaîne Histoire, dans une version française, en juin 2021, ce documentaire de 2019 ne traite pas spécifiquement de Jean Paul II mais de celui qui fut son bras droit théologique : Josef Ratzinger, nommé par lui à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1980. Le film montre combien le cardinal allemand a armé le bras du pape polonais dans son combat pour restaurer une institution ecclésiale catholique ébranlée au sortir de la crise des années 1970, notamment en développant le thème de la lutte contre "le relativisme" puis en conceptualisant le programme pastoral de "nouvelle évangélisation". Christoph Röhl donne bien à comprendre comment cela a entraîné à minorer voire ignorer les alertes concernant les communautés nouvelles ou certains prélats pourtant bien dans l'orthodoxie romaine – quand bien même, en 2001, Ratzinger promulgua un texte demandant aux évêques de faire remonter à Rome les cas les plus délicats d'abus sexuels. Même s'il a, à sa sortie, critiqué le documentaire, le secrétaire particulier du cardinal Ratzinger, Mgr Georg Gänswein l'admet devant les caméras : "Ratzinger savait mais il pensait à des cas isolés" lorsqu'éclatent les grandes révélations sur la pédocriminalité des prêtres en Irlande ou aux États-Unis. Grand orchestrateur de l'année sacerdotale (2009-2010), célébrant l'identité du prêtre comme "autre Christ", ce sera même à une série de révélations accablantes que devra faire face celui qui est devenu entre temps Benoit XVI... Il interprétera pourtant la situation en termes métaphysiques davantage que structurels et sociologiques : "le diable nous a jeté toute saleté au cours de l'année sacerdotale". En regardant le film, on ne peut s'empêcher de penser que l'argument selon lequel "Jean Paul II était mal conseillé" en prend, encore une fois, un coup : l'institution semble avoir mal identifié le problème, sous-évalué sa gravité et surtout cherché à préserver les apparences en évitant au maximum le scandale.