#homothérapie religieuse #catholicisme #évangélisme

Pratiques : confusions des plans spirituels et psychologiques, disqualification de l'homosexualité, théorisation d'outils homophobes, prières de délivrance.

Date de l'article : 10 novembre 2021.

Acteurs : Carlos ANNACONDIA,  Pablo BOTARI, Arnaud BOUTHÉON, Raphaël CORNU-THÉNARD, Leeland DAVIS, Jean-Baptiste EDART, John ELDREGE, Olivier de GERMAY, Benedict GROESCHEL, Mary HEALY, Craig HILL, Matthew ("Matt") LOZANO, Janet LOZANO, Neal LOZANO, Francis McNUTT, Magali RAOUL, Michel SCANLAN, Pierre-Louis TULASNE, Étienne VETÖ, Jean-Baptiste VIAN.

Lieux :  Centre "Siloé" à Montagnieu (Isère),  Centre spirituel "le Cénacle" à Tigery (Essone), Lyon (Rhône).

Organisations : Alpha, Aïn Karen, Communauté des Béatitudes, Communauté du Chemin Neuf,   Communauté de la Lumière de la Maison de Dieu, Congrès Mission, Éditions des Béatitudes, Éditions Vida (Nîmes), Heart of Father Ministries / les ministères du Cœur du Père, ICCRS (International Catholic Charismatic Renewal Services).

Période concernée : années 1970 à nos jours  ; en France : 2014 (premier manuel traduit en français).

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Taxinomie

Attention ! Différentes appellations sont réunies ici sous l'expression de "ministère de délivrance de la famille Lozano" (jamais revendiquée sous cette forme par leurs auteurs) pour désigner ce qui, au fil du temps, et des traductions a pu prendre plusieurs appellations  :

• en français : on trouve "délié : la liberté du Christ", "ministère de délivrance" ou simplement "délivrance" ; 
• en anglais : "unbound" ; "deliverance" ; "ministry of deliverance".

Comme on le montre dans cet article, la méthode de Neal Lozano repose sur "five Keys" / "cinq clés" ; ce dernier emploie donc ce syntagme allusif dans ses conférence : "les cinq clés", "mes cinq clés"....

Une pratique qui révèle le "devenir évangélique" du catholicisme français

Sur le parcours précis de Neal Lozano, nous avons peu d'éléments, excepté ce qu'il dit de lui-même sur son site et dans ses ouvrages ou ce que l'on trouve sur une notice sur un site américain de vigilance contre les abus et dérives sectaires (Religion News Blog 2013). L'homme est un laïc catholique américain diplômé en accompagnement pastoral. Avec sa femme, Janet, infirmière de profession, il gère une organisation spirituelle appelée "Heart of Father Ministries" traduisible en français par  les "Ministères du Cœur du Père". Cette entité salarie Neal et, visiblement, plusieurs autres membres de sa famille. Dans ses conférences, il parle, par exemple, d'appels de contrôle effectués par sa "belle-fille".

On peut voir Neal Lozano comme un entrepreneur sur le marché psycho-spirituel chrétien. Avec ses proches, il a mis au point, non sans succès, un produit de délivrance exporté de plus en plus à l'étranger sous la forme de conférences et de formations. Si le prédicateur a beaucoup voyagé, à partir des années 1970, dans le but de faire connaître son enseignement et sa méthode, il semble avoir désormais délégué cette fonction à l'un de ses quatre fils : Matthew ou "Matt". Venu par exemple en France dans le cadre du Congrès Mission en Lyon en 2019 et en 2021, ce dernier semble même avoir acquis comme rôle la promotion de l'organisation à l'international. Matt Lozano – selon sa fiche biographique en ligne sur le site du Congrès Mission – occupe en effet le poste de "directeur du développement du leadership pour les ministères 'les cœurs du père' " au sein de l'organisation familiale. Il est également indiqué qu'il est "titulaire d'une maîtrise en leadership (sic) de l'Université de Villanova et d'une maîtrise en théologie de l'Institut Augustine", et que, après 12 ans d'enseignement, il est "désormais missionnaire à plein temps pour le ministère Délié" (1). 

Dans ses ouvrages, Neal Lozano ne cache pas les auteurs qui l'ont fortement influencé. Il cite volontiers des prédicateurs qui l'ont conforté dans sa voie et cite dans Délié... leurs travaux. On peut relever parmi les devanciers dont il célèbre la mémoire : 

• Craig HILL : un pasteur qui se dit dépositaire d'un ministère intitulé "Family Foundations International Seminar". Ce prédicateur est connu pour organiser des sessions appelées "de la malédiction à la bénédiction" durant lesquelles les participants sont invités à "re-visiter les sentiers familiaux à la lumière du christianisme" (LOZANO 2014, p. 63) ;
• Leeland DAVIS : un pasteur qui a eu une "parole de vérité" – nom donné dans les Église évangéliques à une révélation personnelle qui peut concerner un proche – qui dirigea Neal LOZANO vers l'accompagnement spirituel (LOZANO 2014, p. 129) ;
• Michel SCANLAN : l'oncle de Neal Lozano, auteur en 1980 d'un ouvrage sur la délivrance des esprits diaboliques (SCANLAN et RANDALL, 1980). Ce prêtre semble avoir eu une grande influence intellectuelle et théologique sur lui ; 
• Carlos ANNACONDIA : un pasteur évangélique argentin qui fait parfois des tournées aux États-Unis intitulées "croisades spirituelles" : des manifestations dirigées en priorité vers les pauvres où de manière assez ostensible il commande publiquement au démon de partir. Un livre a été tiré de son expérience (ANNACONDIA, 2001) ;
• Pablo BOTARI : un Italo-argentin membre de l'équipe d'Anaconda, pour qui il s'est occupé pendant des années de la "tente de délivrance". Neal Lozano dans Délié reproduit en annexe 2 les "10 étapes vers la délivrance" que Botari a théorisé dans son ouvrage (BOTARI, 2000)  ;
• Francis McNUTT : un auteur d'ouvrages très connus aux États-Unis sur la délivrance (par exemple : McNUTT, 2009). Neal Lozano lui emprunte pour son annexe 1 dans Délié : le "questionnaire préalable à la délivrance" ;
• Enfin, de manière intéressante pour notre sujet, Neal Lozano dans son livre sur le cœur du père cite les travaux de Benedict GROESCHEL l'un des religieux à l'origine du mouvement Courage (voir notre billet) aux États-Unis (LOZANO  Neal et Matthew 2015, p. 155).

L'arrivée dans la sphère francophone des pratiques protestantes nord-américaines relève de ce que l'anthropologue de l'Université catholique de Lyon, Valérie Aubourg, analyse et appelle avec d'autres "l'évangélicisation" du catholicisme. Qu'on s'en réjouisse sur un plan pastoral (JOVA-LINDELL, 2020) ou qu'on le redoute, on peut noter les modifications du paysage religieux que cela est en train d'opérer en France (AUBOURG, 2020).

Priests at Study Days hear of Unbound deliverance ministry from Neal Lozano, wife Janet and their son Matt pic.twitter.com/iMDhhCmbVn

— Terrence Prendergast (@archterentius) October 26, 2016

Dans le détail, toujours selon le site Religion news Blog, en 1974, Lozano est un simple fidèle de l'église paroissiale Saint Colman de sa ville d'Ardmore, en Pennsylvanie (Religion News Blog 2013). C'est là qu'il fonde un groupe de louange œcuménique appelé "Communauté de la lumière de la Maison de Dieu" (LOZANO 2014, p. 5). Dans Délié, une biographie à la fin de l'ouvrage indique qu'il a été également "directeur" d'une association d'Églises appelée "Renouveau et réconciliation" dans la région de Philadelphie. De ses différentes expériences pastorales, Neal Lozano a tiré l'intuition que pour "l'évangélisation, il faut partir de l'exorcisme" (Lozano YouTube 2018 1).  Et, pour le prédicateur,  l'enfer n'est pas une image courante et populaire pour évoquer le mal  : "quand je parle du diable ou des esprits mauvais, je ne parle pas par métaphore. Je parle d'un être ou d'un ensemble d'êtres réels, diaboliques, qui ont une véritable identité" (LOZANO 2014, note p. 11). Il s'agit même d'un regret pour lui : "beaucoup de croyants ont malheureusement perdu le sens de l'interaction entre les mondes naturel et spirituel [...] On a occulté le monde démoniaque" (idem, p. 41). 

S'il ne convient pas ici de faire l'histoire de la "croyance au diable", de ce qu'elle dit de son époque et comment elle évolue à travers le temps (MUCHEMBLED, 2004), notons seulement que la littérature scientifique en psychologie relève que, de nos jours, de plus en plus de personnes déclarent se sentir "possédées", malgré les progrès des sciences et des techniques, et que cela pose même désormais question aux professionnels de la santé mentale (RENAUD-TREMELOT, 2020). Dans ce sens, la pensée de Lozano s'inscrit pleinement dans le renouveau nord-américain de la croyance au diable (CUNEO 2010). Cette dernière est structurée par l'idée que les "esprits malins" sont nombreux et s'immiscent dans la vie des chrétiens pour les détourner de l'enseignement de Jésus.

L'accompagnement proposé par Neal Lozano repose, en tout cas, sur une mise en scène permanente, malgré sa modestie apparente, de ses talents de délivreur de démons comme dans cette anecdote qu'il livre dans une conférence :

Le "morceau" manquant que Neal Lozano évoque, comme il l'a développé dans un ouvrage (LOZANO 2010), serait une procédure propre à son ministère qui se logerait entre le sacrement de la confession – l'un des sept strictement encadrés par le catholicisme – et l'exorcisme, qui, pour l'Église romaine ne peut être réalisé que dans certaines situations extrêmes, par un prêtre assermenté par l'évêque de son diocèse, après mûr discernement. Comme il est un homme laïc catholique, non ordonné, Lozano ne peut délivrer ni de confession ni d'exorcisme : il revendique donc sa méthode comme un ensemble inédit de "ministères" qu'il fait relever du domaine de la "délivrance".

Dans son "manuel de délivrance" Délié, Neal Lozano explique tout ce qu'il doit en réalité à l'enseignement de son oncle, un prêtre du nom de Michel SCANLAN déjà cité. Il explique comment ce dernier l'a convaincu de la nécessité d'instituer des prières de délivrance dans la pratique courante de l'Église catholique (LOZANO 2014, p. 179). Le Renouveau Charismatique, très fortement influencé par la pratique des Églises néo-pentecôtistes, est en effet un acteur engagé pour faire valider au sein du catholicisme une série de nouveaux ministères qui, sans être le monopole des prêtres, pourrait délivrer les personnes qui se sentent assaillies par les démons. En 2017, la "Commission doctrinale" de l'International catholic charismatic renewal services (ICCRS) – l'organe mondial de coordination du Renouveau charismatique au sein du catholicisme –  , suite à un long travail préparatoire, édite un document intitulé le Ministère de délivrance. Il est significativement publié en français par les éditions gérées par la Communauté des Béatitudes à Nouans-le-Fuselier (CD-ICCRS 2017). Commentant l'essor des demandes d'exorcismes en France et en Italie, la psychologue et psychothérapeute Marie RENAUD-TRÉMELOT estime que  "la récente édition de [ce] fascicule [...] confirme cette idée [:] une poche de résistance (soutenant une figure plus sérieuse et plus agissante du démon) subsiste et semble grandir au sein des pays européens de tradition chrétienne [...] [ce] courant, bien plus effrayant, assure un foyer à Satan, aux États-Unis et dans une moindre mesure en Europe" (RENAUD-TRÉMELOT 2020, p. 122-123).

L'entreprise de Lozano pour réhabiliter la figure du diable dans l'enseignement et la pratique de la prière de délivrance au sein du catholicisme va de pair avec un souci de faire re-rentrer dans le domaine des Églises un accompagnement qu'on confierait plus spontanément dans nos sociétés à des thérapeutes formés à l'université par les sciences psychologiques. Le prédicateur américain relativise même dans ses ouvrages ces formes d'aide : "Des thérapeutes formés professionnellement sont un cadeau, une ressource importante, mais il n'y a qu'un seul sauveur" (LOZANO 2014, p. 25). Pour lui, "trop de chrétiens sont rapidement aiguillés vers des thérapeutes professionnels quand des problèmes surgissent", alors que "la puissance de l'Église est davantage que celle d'un thérapeute aussi doué soit-il" (idem). La pensée de Lozano semble donc se placer dans une double béance : celle, d'une part, d'une Église catholique qui ne parvient pas à répondre à la demande d'accompagnement de ses fidèles par le sacrement de la réconciliation ou, pour les cas les plus graves, le rite de l'exorciste et celle, d'autre part, de l'accompagnement thérapeutique qui  serait incapable de changer "l'homme intérieur" (id).

Un "ministère" "clés en main" pour "délier"

Les différentes publications et interventions de Neal Lozano permettent de caractériser assez facilement sa méthode. Elle repose sur une image, simple à comprendre : celle de portes à franchir avec des clés : 

Concrètement, un séminaire Lozano prend la forme d'une session organisée à travers cinq étapes débutant et finissant toutes par une prière :

1. la repentance et la foi,
2. le pardon,
3. la renonciation,
4. l'acceptation de l'autorité
5. la bénédiction du père.

À chaque étape, des gestes pré-définis peuvent être accomplis : cela peut être une parole ou une prière de délivrance. La trame est fixe mais l'accompagnateur a également une relative marge d'action : il est appelé à suivre ses intuitions souvent perçues comme des demandes venant de Dieu.    Ainsi, l'ordre d'application des clés peut être bougé si l'accompagnateur l'estime utile. Notons également que Lozano insiste toujours sur le fait qu'il faut deux personnes pour accompagner quelqu'un : un "régulateur" serait, à ses yeux, une garantie de sécurité de la méthode.

Religions News Blog en fait une description plus concrète et plus prosaïque des sessions organisées par les Lozano : 

Neal défend toutefois l'idée que son approche est "non confrontationnelle" ("no confrontational"), ce qui semble vouloir dire qu'il ne cherche pas à faire sortir les démons directement comme le ferait, par exemple, un exorciste avec des prières et des dialogues directs avec le possédé : 

Neal Lozano, dans son ouvrage Délié, montre qu'il connaît les réserves anciennes de la hiérarchie de l'Église catholique concernant les formes les plus exubérantes de la lutte contre le démon que l'on trouve en usage dans certaines communautés néo-pentecôtistes (même s'il ne cache pas son admiration pour Pablo Botari ou Carlos Annacondia qui pratiquent des délivrances beaucoup plus ostentatoires et fort peu catholiques). Il peut ainsi citer dans ses travaux la lettre du préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi Joseph Ratzinger de 1985 qui rappelle les règles strictes entourant l'exorcisme. Le texte demande ainsi d'éviter l'expression publique de manifestations diaboliques ou de dialogues avec le démon (CDF 1985 ; LOZANO 2014, p. 258). Ce souci d'une approche "non frontale" des démons semble témoigner d'une fine compréhension de ce que lui autorise le catholicisme comme marge d'action. 

Neal Lozano semble, en réalité, estimer que le grand exorcisme catholique est inadapté à la plupart des situations que vivent les catholiques qui n'éprouvent pas tous explicitement un sentiment de dissociation explicite de personnalité ni de possession claire. Il s'agit même d'une intuition pour lui et ses proches : "plus de 95 % des personnes pour lesquelles nous avons pu prier  n'ont aucune manifestation du diable [...] bien évidemment, le malin y trouve son compte, lui qui aime rester caché" (LOZANO 2014, p. 44). L'apport de Lozano serait, à son sens, dans sa capacité à voir par quelle faille du passé entrerait et se logerait le le démon... 

Bien plus, le prédicateur développe plutôt l'idée, en introduisant une dimension psychologique, que la cause du mal-être des croyants viendrait de "portes d'entrée" ("entry ways") du démon qui s'enracinent dans les épisodes vécus dans le le passé de la personne et tout particulièrement les traumatismes qui se sont déroulés durant l'enfance et l'adolescence. C'est là où son enseignement est particulier : toutes sortes de difficultés, de différentes natures, les traumatismes comme la faiblesse morale, sont amalgamées dans cette catégorie de "portes d'entrée" par lesquelles les esprits malins viendraient se loger dans l'âme humaine. Ce postulat est assez  ambitieux – et questionnable  – dans la mesure où une personne, qui ne se dit pas forcément 'possédée' au début de l'accompagnement spirituel', peut découvrir la triste réalité : elle est infestée et sa vie passée a laissé s'immiscer, par de multiples brèches, des mauvais esprits... 

Le document support de la conférence 'délié' à Plymouth de 2018 déjà mentionné donne une liste assez hétéroclite des situations et sentiments dans lesquels se logeraient les démons – et que l'on pourrait identifier par des "phrases-types" : 

Dans la façon de procéder des Lozano, l'entretien entre le dirigeant et la personne dirigée est en effet capital. La dissymétrie structurelle de la méthode est clairement assumée : le meneur de l'entretien spirituel peut très vite identifier ce dont souffre la personne dirigé, dans la mesure où il sait déchiffrer les signes qui sont autant de brèches biographiques. Cet entretien peut être directif – contrairement, par exemple, à une psychanalyse classique – dans le sens où, durant les formations qu'il dispense, Lozano explique vers quelles pistes on doit conduire une personne une fois qu'on identifie des paroles types. Il peut même fournir une "fiche" d'une page A4 qu'il a élaborée et sur laquelle celui ou celle qui mène l'entretien coche et note les principales idées sous les items que sont les " 5 clés" (Lozano YouTube 2018 2). Les ouvrages de Lozano ont également des "annexes" sous formes d'étapes à suivre ou  de questionnaires qui permettent, dès la lecture de l'ouvrage, à passer à l'action... 

Comme on peut le relever dans la méthode de l' "agapè-thérapie", il existe aussi des paroles et des gestes qui permettent d'obtenir la délivrance et, si l'on suit l'image, "sceller les portes" par lesquelles les démons se sont immiscés dans l'âme. Ces gestes peuvent être des appels au pardon de ses parents, si, par exemple, ils ont manqué d'attention, s'entendaient mal ou ont souffert de maladies comme la dépression ou l'alcoolisme. Les relations extra-conjugales sont également supposées, selon Neal Lozano, souiller les personnes, dans la mesure où elles établissent, en dehors du mariage, une connexion entre deux êtres. Le prédicateur se propose donc de "briser les liens d'âmes" entre deux êtres qui ne se sont pas mariés mais auraient eu des contacts charnels. Autre exemple : une personne violée ou abusée peut se voir proposer de "reprendre ce qu'on lui a pris" (Lozano YouTube 2). À chaque fois, malgré des réserves langagières d'usage, le prédicateur estime que, au nom de Jésus, sa parole est "performative" : elle peut réparer, guérir et délivrer...

La catégorie particulière de l'homosexualité dans la pensée des Lozano

Soyons honnêtes : Neal Lozano et ses proches ne se disent pas spécialistes de la vie amoureuse et de la sexualité en particulier – à la différence d'autres organisations charismatiques comme "Courage" ou "Torrents de vie". Néanmoins, dans la mesure où leur méthode a une vison des très large de ce qui relève des attaques des esprit mauvais, on retrouve chez eux une vision assez nette du genre et de la sexualité qui voit négativement l'homosexualité – la transidentité n'est pas mentionnée.

Le premier à relever c'est l'article du blog Religions News en 2013 commentant la liste des attaques du démon que traque Neal Lozano : 

Dans la conférence "Délié", donnée en 2018 à la paroisse Notre-Dame du Bon Conseil de Plymouth, un document interne à l'organisation de Lozano contient une liste (distribuée visiblement pour aider les futurs accompagnants) qui  rapproche un certain nombre d'items sous la catégorie générale fort parlante de "sexual distorsion" / "déformation sexuelle" : 

Ce qui est associé ici un "désordre de nature sexuelle" relève :

• soit d'une catégorie religieuse catholique (la luxure, la fornication, l'adultère),
• soit de l'univers psychologique (le fantasme), 
• soit d'une pratique sexuelle (le sexe violent, le masochisme),
• soit d'un crime ou délit (l'exhibitionnisme, la zoophilie, le voyeurisme).

L' "homosexualité" – qui n'est plus un crime ni un délit aux État-Unis et n'apparaît même plus dans le diagnostic des maladies mentales depuis 1975 – est mise sur le même plan, sans aucun ménagement lexical ni explication, que des éléments interdits par la loi et/ou avec lesquels il n'y a pas vraiment de rapport évident... Le catéchisme de l'Église catholique condamne en effet "l'adultère" (tromper son conjoint légitime) comme une "fornication" (les relations extra-conjugales), mais c'est l'acte "homosexuel" qui est condamné, pas la personne. Même si l'inclinaison elle-même est considérée comme "désordonnée", cela ne signifie pas non plus qu'elle est nécessairement une "possession démoniaque". Plutôt qu'elle n'est pas conforme à l'ordre naturel... Sans précision ni détail, une telle liste semble attester que la personne homosexuelle est, en elle-même, démoniaque ou possédée.

On trouve en réalité dans les ouvrages de Lozano, les différents éléments d'une pensée conservatrice américaine :

• la dépénalisation et la dépathologisation de l'homosexualité ne sont ainsi jamais rappelées ni évoquées.
• L'homosexualité est une addiction comportementale et non pas une orientation sexuelle.
• L'homosexualité est classiquement abordée à travers la thématique de l'identité de genre défaillante : il n'existe pas de subjectivité LGBT seulement des difficultés à être véritablement et pleinement un homme ou un femme.

Mais cette thématique, chez Lozano, est mise en lien, de manière très particulière, à une attaque d'un esprit mauvais : "au cœur de l'attaque de Satan sur vous, il y a une tentative de vous voler votre identité" peut ainsi déclarer Neal Lozano (LOZANO 2014, p. 129).

Quand on lit la méthode Lozano, on est très vite frappé en effet par le thème du défaut d'autorité mis en lien, en permanence, avec celle la figure paternelle : que ce soit Dieu "le Père" d'un point de vue théologique que l'homme qui a des enfants dans la société contemporaine. Le premier ouvrage de Lozano porte spécifiquement sur le frère aîné dans la parabole du fils prodigue et, notamment, sur sa position dans la fratrie par rapport au père (LOZANO 1995). 

Plus généralement, le discours du prédicateur est hanté par l'idée que les hommes qui sont pères ont perdu leur place et leur autorité au sein des familles et de la société. Pour lui, cette situation est même à l'origine de désordres variés. Si des démons s'attaquent aux âmes, c'est souvent, si on le suit dans ces démonstrations, que les enfants – et avant tout les garçons - ont eu des pères défaillants et/ou des mères "possessives". Le dernier ouvrage de Neal Lozano , co-écrit avec son fils Matthew, porte, par ailleurs, spécifiquement sur la question du "Père" spirituel. S'intitulant "Abba's heart", il est traduit en français avec le titre "le cœur du père" et le sous-titre "comment retrouver le bonheur d'être son enfant" (NEAL 2015) – thème qui constitue d'ailleurs les points 4 et 5 de la méthode "Déliée" (accepter l'autorité du Père / recevoir sa bénédiction). Cet ouvrage a même pour préfacier John ELDREDGE, l'auteur évangélique du best-seller Indomptable, qui est à l'origine de nombreux stages et camps pour re-viriliser les hommes. Ce dernier salue "une livre magnifique et plein d'espérance" (idem, p. 9).

Au cœur de l'argumentation de l'ouvrage de Lozano, on trouve l'idée qu'il faut réhabiliter la figure paternelle et masculine de Dieu. Pour Lozano, elle est trop souvent occultée par des images personnelles de père absent ou défaillant. Il va sans dire qu'il récuse les courants de théologies féministes plus ouverts qui voit dans Dieu un au-delà du genre :

L'accompagnement de Lozano se fonde donc sur une vision de genre de la religion comme de la société. Tout ce qui s'écarte de près ou de loin du schéma classique père/autorité/masculin et mère/tendresse/féminin est vu comme un tort à redresser. Parmi les "signes" à déchiffrer que doit suivre celui qui mène l'entretien selon la méthode Lozano, il y a même beaucoup de choses qui tournent autour des relations du mère au père : "est-ce qu'elle en disait du mal ou le rabaissait ?" par exemple. Dans une conférence de 2017, Neal Lozano invite ainsi les futurs accompagnateurs à traquer en particulier cet élément chez leurs dirigés : 

Les soucis d'identité, même si ce n'est pas le cas explicitement ici, sont souvent la façon de comprendre en réalité l'homosexualité dans la pensée de Lozano. En ce sens, sa vision de genre se double d'une vision conservatrice de la sexualité. 

Dans l'ouvrage Délié de Lozano, la délivrance de homosexualité est directement et explicitement abordée à travers les histoires de deux hommes – la situation n'est jamais envisagée au féminin : un certain Karl (LOZANO 2014, p. 143-145) et un dénommé Kevin (Idem, p. 268-277). Ce dernier "cas" s'insère dans le chapitre conclusif de l'ouvrage et a une valeur paradigmatique pour l'auteur qui en fait même un modèle du ministère "délié": le récit du combat spirituel du jeune homme alterne alors avec les analyses de Neal Lozano et des extraits de ce qui semble être un journal tenu par Kevin.

• Karl, homosexuel repenti mais non délivré

La première histoire, celle de Karl, permet à Neal Lozano de développer l'idée, forte dans les milieux conservateurs, de l'origine accidentelle de l'homosexualité : ici, il s'agit d'un viol commis par un cousin quand le jeune homme était adolescent (LOZANO 2014, p. 143). "Des  réminiscences d'expériences, poursuit-il introduisant le thème démoniaque, au cours de sa pré-adolescence avaient ajouté de l'huile au feu attisé par le diable" (idem, p. 144). Cherchant la repentance, Karl se décide finalement "à souffrir pour suivre le Christ" (id.). Le récit se fait alors proche de celui des ex-gays américains : il raconte le combat spirituel des personnes homosexuelles qui, entre prières et rechutes, doivent porter leur difficile croix avec résignation. Lozano prie ainsi régulièrement pour délivrer de l'homosexualité son accompagné : "après avoir prié pour [Karl] une deuxième fois, je crus que nous étions allés assez profond et qu'il était libre. Mais ce n'était pas le cas" (id.). La conclusion de Lozano sur le cas de Karl est assez surprenante : il assume le fait que, dans cette situation précise, sa délivrance ne fonctionne pas. Admettant que cela relève du Christ, il conseille plutôt au jeune homme de vivre avec comme une "écharde dans le pied", selon l'expression de Paul de Tarse, et à ne pas être orgueilleux dans l'attente d'une issue trop rapide...

• Kevin, homosexuel repenti et délivré

Placée à la fin de l'ouvrage, l'histoire édifiante de Kevin semble être, par contre, un "succès" assumé pour Neal Lozano qui lui donne même une valeur paradigmatique.

L'entrée dans la sexualité du jeune homme telle qu'il la décrit est violente et clandestine – sans que soit interrogée l'homophobie sociale qui pousse à ce genre de pratiques ou le caractère non généralisable ou transposable de cette situation particulière sur l'homosexualité en général. Ce début de sexualité avec des personnes du même sexe est même présentée, de manière ambivalente et pour le peu confuse, comme une série d'agressions et de violences sexuelles en réalité : "il ne considéra jamais que des hommes plus âgés le violaient puisqu'il avait choisir lui-même d'y aller" (LOZANO 2014, p. 268). Converti au christianisme à l'université, Kevin se marie finalement sans que cela parvienne à mettre fin à son inclinaison pour les hommes. Neal Lozano intervient dans cette histoire après que la femme du jeune homme découvre une aventure extra-conjugale avec un autre homme : "Kevin se présenta pour une prière de délivrance. Il confessa tout, renonça à tout, pardonna à chacun" (Idem, p. 269). Mais, 18 mois plus tard, c'est la "rechute"... Neal Lozano qui l'accompagne l'amène alors à interroger de nouveau son rapport à son père et à sa mère (idem, p. 270). Suite à une inspiration intérieure, l'accompagnateur identifie un problème de "fausse identité" qui appelle délivrance (voir supra) :  

Sans ambages, Lozano assume donc ici pouvoir délivrer d'un démon lié à l'homosexualité. Dans le récit, le processus se répète encore plusieurs fois – au gré des "échecs" du jeune homme à "rester" hétérosexuel – toujours autour de ce schéma d'expulsion : une fois la délivrance aboutit à celle d'une image déformée de soi  par Karl qui parvient à la "remplacer" par sa "virilité" (p. 275). Le processus décrit par le prédicateur semble long, complexe et passablement douloureux, néanmoins, Lozano conclue sur l'efficacité de son parcours : 

La méthode Lozano pour délivrer les homosexuels repose donc sur une association complexe d'une dimension spirituelle (la délivrance des démons) à l'une plus psychologique (la recherche des blessures de l'enfance, des problèmes de genèse de l'identité qui auraient fait le lit de ces démons). Sans aucune réflexion sur la dangerosité potentielle de ses pratiques, la situation d'emprise qu'il acquiert sur ses accompagnés, les fondements théoriques – jamais explicités en ce qui concerne les sciences psychologiques –  de ses arguments (l'homosexualité comme une genèse psychique défaillante), le prédicateur américain semble convaincu de pouvoir changer l'orientation sexuelle d'une personne, même s'il concède que cela est un processus long et laborieux... 

L'arrivée de la méthode Lozano en France (2014-2019)

Longtemps réservées au seul continent américain, les pratiques de délivrance de Lozano ont progressivement traversé au cours des années 2010 l'océan Atlantique. Trois canaux principaux peuvent être identifiés : des maisons d'édition, une communauté du Renouveau charismatique et un festival d'évangélisation appelé "Congrès Mission". 

Dans ce processus de transfert religieux des États-Unis vers l'Europe, on trouve deux éditeurs qui traduisent en français les ouvrages de Neal  : 

• en 2014, les éditions de la Communauté des Béatitudes traduisent en français l'ouvrage américain Unbound – soit 4 ans après sa sortie aux États-Unis (LOZANO 2014). La Communauté des Béatitudes, à ce moment-là, s'est déjà illustrée par la publication de nombreux documents relatifs à une pratique correctrice de l'homosexualité (voir notre billet). 
• en 2016, les éditions Vida de Nîmes, qui éditent principalement des livres de piété et de spiritualité de confession évangélique, publient, un an après sa sortie aux États-Unis, le Cœur du père : comment retrouver le bonheur d'être son enfant (LOZANO 2016).

Un autre acteur charismatique a un rôle important dans la légitimation, chez les catholiques francophones, des travaux de Neal Lozano : la Communauté du Chemin Neuf. Cette dernière l'a invité, en personne, en 2017 à Tigery dans l'Essonne dans un lieu de conférence et de retraite appelé "le Cénacle", à son congrès intitulé "Délivrance, accueillir la liberté en Christ : ministère de la délivrance et évangélisation". Dans ce cadre, il a donné une conférence en session plénière et un atelier (2). Cette rencontre a également donné lieu à un ouvrage préfacé par Guy de KÉRIMEL, évêque de Grenoble (TULASNE et autres, 2019). Cette communauté charismatique catholique fait particulièrement le pont entre les deux rives de l'Atlantique à propos du ministère de délivrance telle que le conçoivent les Lozano.

Notons que, dans le dernier rapport portant sur la période 2018-2020 de la délégation interministérielle de lutte contre les dérives sectaires, la MIVILUDES, , la Communauté du Chemin Neuf fait l'objet d'une mention spécifique : avec 15 saisines, les fonctionnaires en charge de la lutte contre l'emprise sectaire notent que "les personnes qui entrent dans la communauté travaillent bénévolement pour elle, sont mal nourries, voire mal logées parfois. Des activités de volontariat à l'étranger sont proposées aux jeunes, mais ils doivent financer leur voyage et leur assurance. Lorsque des familles partent en retraite, les enfants ne sont pas scolarisés durant cette période. Certaines personnes ont fait des dons très importants en particulier de nature immobilière" (3). Relevons toutefois, sur le point précis qui nous concerne, que les thérapies de conversion ne sont pas mentionnées dans cette partie du rapport.

Dernier acteur charismatique dans le succès de Lozano en France : le "Congrès Mission", né en 2015. Il est désormais promoteur en France des pratiques des Lozano :

• en 2019, avec l'organisation d'une "école des charismes" tenue du 26 au 29 septembre co-animée par Matthew LOZANO, fils de Neal, et Patrick REIS  (1) ; 
• en 2021, avec l'organisation d'une "école de charismes 'délivrance' " ayant cette fois-ci Matthew Lozano comme formateur unique. Ce qui est appelé ici "école de mission" se présente comme un lieu de formation "des responsables de projets pastoraux locaux". Organisé à une quinzaine de minutes du lieu lyonnais du Congrès, il doit culminer en offrant ses membres formés au weekend d'évangélisation qui clôt le festival (4).

Notons que, à l'origine de cet événement de "nouvelle évangélisation" qu'est le Congrès Mission, se trouvent deux entrepreneurs du Renouveau Charismatique au profil aussi caractéristique :  

• Raphaël CORNU-THÉNARD, à la tête du mouvement "Annuncio" ;
• Arnaud BOUTHÉON, ex-cadre de la Manif pour tous, fondateur du courant "Sens Commun" au sein du parti politique Les Républicains (LR), un acteur majeur de l'opposition à la loi Taubira 2. Auteur d'un ouvrage sur les liens entre spiritualité, évangélisation et sport, il est aussi l'un des importateurs en France des stages de "(re)-virilisation" des hommes catholiques ainsi que du pèlerinage à Saint-Joseph au sanctuaire de Cotignac dans le Var, différents événements qui s'inspirent de manière assumé des écrits de l'évangélique John ELDREDGE déjà cité. Désormais il travaille, pour la Conférence des évêques de France, aux liens entre catholicisme et olympisme dans la perspective des JO de 2024 (5). 

Cette série de rencontres, à l'origine à Paris seulement, mais désormais dans plusieurs métropoles, appelée "Congrès Mission" est portée chaque année par plusieurs organisations charismatiques françaises : Alpha, Aïn Karen ou la Communauté de l'Emmanuel. L'événement revendique aujourd'hui 3500 participants et des personnalités sont régulièrement annoncés pour parler de leur vie spirituelle, Élie Semoun, en 2017, par exemple. Après plusieurs jours d'ateliers, table-rondes et temps de prières et louange, les festivaliers se retrouvent pour une messe de clôture,  souvent présidée par plusieurs évêques français. Ces derniers semblent apprécier et soutenir l'événement bien rôdé qui repose sur les codes modernes de la communication (6).

Depuis sa création, le Congrès Mission s'est déjà illustré en offrant des tribunes à des personnalités ou des organisations prônant d'autres pratiques correctrices de l'homosexualité. Lors de son édition de 2019, un atelier, organisé par Courage France et son fondateur l'abbé Louis-Marie GUITTON, est ainsi consacré au thème "offrir fraternité et soutien dans l'Église aux personnes qui vivent une attirance homosexuelle" (voir notre billet). La députée LREM Laurence VANCEUNEBROCK-MIALLON, engagée au Parlement depuis le printemps 2018 sur un projet d'interdiction des thérapies de conversion en France, avait alors réagi publiquement en écrivant une lettre à Michel BLANQUER, ministre de l'Éducation nationale. L'établissement privé sous contrat d'association avec l'État, le "Collège Stanislas", avait accueilli en effet l'atelier. Sa direction avait alors déclaré publiquement que les élèves n'avaient pas été concernés par cet événement, qui n'a pas été toutefois pas déprogrammé par les organisateurs (7). 

Interrogé par les auteurs du livre-enquête Dieu est amour, les journalistes Jean-Loup ADÉNOR et Timothée de RAUGLAUDRE, Raphaël CORNU-THÉNARD affirmera que la présence de Courage au Congrès Mission n'était pas problématique dans la mesure "où ce n'est pas l'association Courage des États-Unis. [Ses membres français] ne sont pas dans l'idéologie de la guérison de l'homosexualité" (ADÉNOR et RAUGLAUDRE 2019, p. 206).

Critiques catholiques à l'encontre des pratiques des Lozano 

L'annonce de la venue d'un Lozano, faite discrètement au cœur de l'été 2021 après les polémiques sur les thérapies de conversion de 2019, relance le questionnement sur le devenir évangélique du catholicisme français. Les critiques ne portent plus exclusivement sur la question de l'accompagnement de l'homosexualité ou de la transidentité mais plus généralement sur la pertinence d'instituer des "ministères de délivrance". 

Les autorités ecclésiastiques catholiques françaises ne se sont, jusqu'à présent, pas exprimées sur le Congrès Mission qui, par sa jeunesse et sa vitalité, semble encore bénéficier d'une certaine aura de respectabilité. Par contre, Neal Lozano n'est pas passé inaperçu auprès d'une instance qui dépend de la très officielle Conférence des Évêques de France : le "Bureau des exorcistes".

Cet organe de coordination et d'informations des différents exorcistes diocésains a, en effet, dans son bulletin du mois de novembre 2020. Intitulé "Réflexions sur le livre 'délié' de Neal LOZANO", l'article, signé collégialement "le bureau des exorcistes",  se veut une critique quasi du type universitaire de l'ouvrage du prédicateur américain. Dans une première partie, les recenseurs saluent différentes qualités ponctuelles de l'ouvrage (Bureau des exorcistes 2020, p. 3) : 

• la relativisation de la toute puissance du démon ;
• le rappel que c'est Dieu qui agit avant tout homme qui intervient ; 
• le refus de dépendance du dirigé à l'égard du directeur ; 
• la condamnation de la recherche du seul bien-être ; 
• l'insistance sur l'importance du "temps qui passe" et de la nécessaire longueur de la conversion.

Mais, une fois évacuées ces remarques positives, la tonalité de la recension se fait beaucoup plus critique. Le bureau des exorcistes pointent des faiblesses, très nettes à leurs yeux, de la méthode "déliée" : 

• l'assimilation trop rapide de traumatismes à des points d'entrée du démon ;
• la réduction trop hâtive de mouvements de résistances à des gestes d'opposition à Dieu relevant de la catégorie du "péché" ; 
• l'insistance trop grande sur la volonté de la personne qui conduirait à un "risque d'auto-salut" ;
• la trop grande ambition des accompagnateurs.

Les différents "clés" sont également passées au crible de la théologie morale catholique et des remarques d'ordre ecclésiologique, assez vives, sont formulées à la fin du texte : 

Plutôt cinglants, à la fin, les recenseurs se demandent même : " cette manière de vouloir régler rapidement et essentiellement par la prière de délivrance n'est-elle pas révélatrice d'une tendance à se prendre pour le sauveur dans l'exercice d'une toute puissance ?" (idem)

On le comprend donc : il existe, à l'intérieur même du catholicisme, des formes de résistance à l'importation des pastorales de la délivrance en usage, de manière plus usuelle, aux seins des Églises néo-pentecôtistes d'Amérique du Nord... On peut même identifier un antagonisme croissant entre des acteurs religieux français inquiets de l'importation de pratiques relevant du protestantisme nord-américain et ceux qui la voient comme une chance pastorale. Le compte rendu du bulletin des exorcistes a ainsi été contesté par deux autres documents émanants des milieux charismatiques : 

• une "réponse" de Matt LOZANO lui-même prend la défense de la méthode de son père qu'il nuance en date de l'automne 2020. Dans cette publication, la théorie des "portes d'entrée" est explicitée pour être nuancée  : "[l'identification] des points d'entrée les plus courants à l'influence des esprits mauvais [ne signifie pas] que tout réponse à un traumatisme en est un, mais plutôt que l'ennemi peut exploiter les réponses à un traumatisme" (LOZANO 2020, p.1).  Le texte constitue, en réalité, un éloge de la méthode de Lozano senior et nuance plusieurs interprétations possibles du livre, à savoir "que les réactions aux traumatismes sont influencées par le démon, que l'accompagnement des personnes se réduit à faire la chasse à l'action du démon, que les cinq clés de Délié sont présentées comme le passage obligatoire par lequel Dieu agit dans la vie d'une personne, que l'action divine serait conditionnée par notre désir de salut et notre volonté d'assumer notre responsabilité" (idem, p. 2). Le texte n'explicite pas, toutefois, la conception spécifique de l'homosexualité ou de la transidentité pour les Lozano.
• une autre réponse écrite par Jean-Baptiste EDART, professeur à la Faculté de théologie de l'Université catholique de l'Ouest (Angers), Magali RAOUL, religieuse de la communauté du Chemin Neuf auteure d'un article en faveur des prières de délivrance (RAOUL 2019), et Pierre-Louis TULASNE, également membre de la Communauté du Chemin Neuf et directeur du Centre Siloé à Montagnieu (Isère) est publiée en 2021 (EDART et autres, 2021). Rappelant que la méthode "Délié" jouit, aux États-Unis, de nombreux appuis officiels d'évêques et de théologiens, la note souhaite "apporter un autre regard que celui proposé par le BNE [Bureau national des exorcistes]".  Les arguments avancés contestent la méthode de la dite note qui ne prendrait pas en compte l'ensemble des trois ouvrages de Neal Lozano. Pour ses défenseurs français, le manuel "délié" ne serait pas une "méthode avec des étapes systématiques dans un ordre obligatoire mais [...] les clefs qu'il propose sont à utiliser en fonction des situations rencontrées" avec une certaine souplesse et latitude d'action. Pour répondre à l'argument des exorcistes français s'inquiétant d'une trop grande célérité à délivrer quelqu'un, les défenseurs de Lozano s'appuient justement sur le chapitre 15 – celui qui débute justement sur la situation de Kevin le jeune homosexuel déjà évoquée – "où nous sont donnés en exemple des délivrances ayant lieu au cours d'un cheminement sur plusieurs années" (p. 2)... La note nuance enfin le schéma du démon entrant par les traumatismes passé : "si nous renonçons aux prises que le démon peut avoir en nous, quelles qu'elles soient, nous pouvons exercer l'autorité reçue du Christ pour être libre" (p. 2-3). Le document, de manière générale, s'attache à mettre en lumière les carences logiques ou la mauvaise foi de ses recenseurs du bureau des exorcistes... Il conclue même que la "lecture proposée procède de préjugés qui n'ont pas grand-chose à voir avec l'ouvrage dont le BNE fait la critique" (p. 6) ! Notons que ce texte se place sous le patronage de Mary HEALY, professeure au grand Séminaire à Detroit aux États-Unis et auteur de plusieurs ouvrages sur la guérison, d'Étienne VETÖ, prêtre membre de la Communauté du Chemin Neuf et professeur à l'université de la Grégorienne à Rome, et de Jean-Baptiste VIAN, exorciste du diocèse de Grenoble, que des acteurs repérés en réalité de la galaxie des guérisons en contexte catholique.

Ce dialogue, vif on l'a vu, entre des acteurs catholiques de l'accompagnement spirituel a pour corollaire un enjeu de classement interne au sein du catholicisme afin de légitimer ce qui est une innovation : l'adoption d'une nouvelle série de ministères dits de délivrance.

Les charismatiques catholiques disposent non seulement de relais puissants dans certaines universités et séminaires des États-Unis mais aussi à Rome comme l'atteste le document déjà évoqué intitulé le ministère de la délivrance adopté par la Commission doctrinale de l'ICCRS – l'organe de coordination internationale des organisations charismatiques catholiques – en 2017 (CD-ICCRS 2017). 

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à Rome, ne lui a pas donné en effet un "nihil obstat", comme le rappelle le père Étienne VETÖ, son co-rédacteur lui-même, membre de la Communauté du Chemin Neuf et professeur à l'Université de la Grégorienne à Rome. Dans le colloque de 2017 – celui où intervenait Neal Lozano –  réuni pour présenter en France les "ministères de délivrance", il doit le concéder suite à l'interrogation de plusieurs participants eux-mêmes : 

"Opinion théologique sûre" donc, mais pas approuvée explicitement par le Magistère lui-même, les "ministères" de délivrance sont donc encore loin d'avoir conquis tous leurs galons de légitimité au sein du catholicisme romain. On peut même voir le Congrès Mission faire une sorte de moyen pour légitimer au sein du catholicisme français des pratiques encore loin d'être unanimement reconnues.

Notons, enfin, que le document de l'ICCRS est, en certain sens, plus modéré que l'enseignement contenu dans les livres de Lozano. S'il théorise l'existence, depuis les temps apostoliques, d'un ministère de délivrance, une partie non négligeable du document s'attache à cadrer et limiter son emploi avec des critères stricts. Le texte met ainsi en garde contre "le manque de discernement", "la délivrance pour son propre intérêt" – qu'en est-il quand l'accès à une session est payant ? – , la tentation de "céder aux démons" en leur accordant trop de place ou bien encore "le manque de respect des personnes"  par des pratiques trop intrusives ou dégradantes (CD-ICCRS , p. 124-132).

L'arrivée de la méthode Lozano dans une France en lutte contre les thérapies de conversion (automne 2021)

Outre des critiques internes à l'institution catholique, plusieurs acteurs ont souligné la proximité des pratiques de Lozano avec celles prétendant modifier l'orientation sexuelle que l'adoption (en première lecture) d'une loi à l'Assemblée nationale vise à interdire (8) : 

• le 13 septembre 2021, le groupe LGBTI+ chrétien  David & Jonathan de Lyon écrit à Olivier de GERMAY, archevêque de Lyon, pour lui demander des éclairages sur l'école des charismes animée par Matthew Lozano. Rappelant la note critique du Bureau des exorcistes, les militants LGBT chrétiens informent que "ces programmes de prière et de délivrance ont souvent pour objet de délivrer les personnes homosexuelles de leur homosexualité". Se référant au souhait officiel de l'épiscopat français de s'opposer aux thérapies dite de conversion (FEILLET-de MAUTORT, 2019), les membres de l'association demandent aux responsables diocésains de se prononcer sur cet événement se déroulant à quelques jours d'une rencontre organisée par la pastorale de la Famille du diocèse de Lyon portant spécifiquement sur l'accueil des personnes homosexuelles.
• le 17 septembre 2021, l'archevêque de Lyon répond au groupe associatif en spécifiant que "cette école de charismes n'entend ni proposer ni enseigner des thérapies" et qu'elle "sera conforme aux enseignements de l'Église et sans contradiction avec ce que propose la Pastorale des Familles du diocèse de Lyon". Contacté par la Tribune de Lyon, un journal local, l'archevêché précise également ne pas intervenir dans le choix des intervenants étant "hébergeur" et non "organisateur".
• le 23 septembre 2021, une rencontre est organisée à Paris entre des responsables de David & Jonathan et des organisateurs du Congrès Mission. Suite à ces actions, l'annonce pour l'école de charismes de Matt Lozano sur le site Internet du Congrès Mission est modifiée : elle s'enrichit de quelques lignes rappelant que "les thérapies dite 'de conversion' sont condamnés par les évêques de France, ainsi que l'intervenant lui-même". 

Contactés pour la rédaction de ce billet, différents acteurs du Renouveau Charismatique ont également récusé toute forme de liens entre le ministère des Lozano et l'univers des thérapies de conversion. Pour l'un des rédacteurs du guide de l'ICCRS, rien ne s'y oppose dans la méthode Lozano. Si certaines formulations peuvent choquer, cela serait dû, toujours selon ce rédacteur, au changement rapide de contexte depuis la parution des ouvrages :

Ces différentes réactions de déni témoignent, à mon sens, d'un problème récurrent de la lutte contre la galaxie complexe des acteurs se livrant à des thérapies de conversion : ils en font en s'abritant derrière le sens des mots. De même que la guérison (dans l'Agapèthérapie par exemple) est présentée comme une "métaphore spirituelle", ici l'absence de cadre médical signifierait que cela n'est pas une "thérapie" et que la pratique n'aurait pas de visée correctrice... Or, le critère de la présence d'une tiers personne est surprenant d'un point de vue logique car on ne comprend pas pourquoi il permet d'exclure de fait les pratiques de la sphère des homothérapies.

***

Derrière la guerre lexicale et sémantique, se déploie en réalité un autre enjeu : celui de la caractérisation de pratiques qui remettent en cause l'intégrité physique et psychique des personnes. En ce sens, le texte adopté en première lecture à l'Assemblée nationale en octobre dernier (9) permet de faire avancer la réflexion : en se prenant à toutes pratiques qui ont pour conséquence d'altérer la santé et le psychisme, la future loi se garde bien de circonscrire précisément le périmètre des actes relevant des homothérapies. Si demain une personne ayant été accompagnée par la méthode Lozano "délié" pour son orientation sexuelle développe ultérieurement des difficultés psychiques ou physiques, on peut escompter que les promoteurs de tels accompagnements pourront être condamnés et la victime obtenir une réparation. Les arguties autour de l' "inclinaison homosexuelle" ou l' "addiction homosexuelle" n'ont d'ailleurs peu d'importance quand on étudie surtout les conséquences sur l'intégrité physique ou psychique des personnes des méthodes appliquées.

On voit également, comme pour les groupe "Courage" et Torrents de vie, comment le changement de sensibilité commune sur ces questions pousse les mouvements d'eux mêmes à reconfigurer leurs pratiques et leurs discours : assumant désormais une compréhension plus compréhensive des situations, ils minimisent ce qu'ils affirmaient jadis – et ce qu'ils n'ont jamais pourtant démenti ni dénoncé officiellement... De plus, selon une méthode bien rodée, l'homosexualité est remplacée par l'addiction sexuelle, sans que l'on comprenne alors pourquoi son traitement reste spécifiée par un critère d'orientation sexuelle dans les méthodes. Cela n'explicite pas non plus une méthode pour s'en prendre à ce qui, pour la psychologie moderne, n'est pas une addiction mais une compulsion... 

Bref, il n'est pas dit que, malgré les démentis de leurs promoteurs, les ministères de délivrance et notamment ceux de la famille Lozano ne continuent d'incarner, en France et dans les Églises chrétiennes, l'un des visages des pratiques prétendant visant à corriger l'orientation sexuelle d'une personne en France.

(1) 

• Congrès Mission, "École des charismes 'délivrance' ", page consultée le 12 août 2021.
• Congrès Mission, "M. Matthew Lozano", page consultée le 19 octobre 2021.

(2) "Délivrance, accueillir la liberté en Christ", annonce pour le colloque du Chemin neuf du 7 au 10 décembre 2017, Bloc-note du journal France catholique, 20 juin 2017

(3) MIVILUDES, Rapport d'activité et études 2018-2020, juillet 2021, page consultée le 12 août 2021.

(4)  Annonce du Congrès Mission sur sa page Facebook, 4 juillet 2019, page consultée le 19 octobre 2021.

(5)

• BOUTHÉON, Arnaud,"Pourquoi Sens commun rejoint l'UMP", CNews, 24 décembre 2013.
• ___, "le non slovène au mariage gay ou la victoire de la démocratie", Figaro, 21 décembre 2015.
• ___  , Comme un athlète de Dieu : manifeste sportif et chrétien, Paris, Salvator, 2017, 189 p.
• CHAMBRAUD, Cécile et BRAFMAN, Natalie, "Des catholiques veulent rendre à l'Église sa virilité", le Monde, 27 décembre 2016. 
• LEBRUN, Sophie (entretien avec), "Pour Paris 2024, nous voulons que l'Église rejoigne l'élan des Jeux olympiques", la Vie, 6 août 2021.
• RIOBÉ, Claire, "À Cotignac, une marche sous le signe de saint Joseph", la Croix, 16 août 2021.

(6) Arnaud BEVILACQUA, "Comment le Congrès Mission a trouvé sa place dans le paysage catholique", la Croix, 28 octobre 2018. 

(7) "Un collège privé parisien accueille un abbé opposé au sexe entre homosexuels", le Parisien, 21 septembre 2019.

(8) Sur les réactions à la venue de Matt LOZANO au Congrès Mission (chronologiquement) :  

• Romain DESGRANDS, "Prières de délivrance : une association de chrétiens LGBT+ alerte le diocèse de Lyon", La Tribune de Lyon, 28 septembre 2021.
• Sixtine CHARTIER, "Comment les Églises réagissent à la proposition de loi visant à interdire les 'thérapies de conversion' ", la Vie, 1^er octobre 2021.
• Sandrine PLAUD, "Thérapies de conversion : il n'y a rien à guérir", Golias Hebdo, n°692, 21-27 octobre 2021.

(9) "L'Assemblée nationale vote un nouveau délit contre les 'thérapies de conversion' qui prétendent 'guérir" l'homosexualité", le Monde avec l'AFP, 6 octobre 2021.

Site Internet 

"Unbound, heart of the Father : Neal Lozano":

https://www.heartofthefather.com/about/team/neal-lozano/ 

Vidéos

La Communauté du Chemin de Neuf, sur son compte YouTube "Chemin Neuf NetforGod", héberge plusieurs vidéos d'interventions de Neal Lozano, captées lors d'un colloque intitulé "Délivrance : accueillir la liberté du Christ" ayant eu lieu du 7 au 10 décembre 2017 :

• "D'un Royaume à l'Autre : ministère de la délivrance et évangélisation", 30 janvier 2018 (mise en ligne). Référence : Neal Youtube 2018 1.
• "Le modèle délié, 5 clefs pour la délivrance en Christ", 30 janvier 2018 (mise en ligne). Référence : Neal Youtube 2018 2. 

- VETÖ, Étienne, "le Ministre de délivrance", 30 janvier 2018 (mise en ligne). Référence : VETÖ 2018.

Publications en anglais

- BOTARI, Pablo, Free in Christ, your complete handbook on the ministry of deliverance, Creation House, 2020, 208 p. 

- LOZANO, Neal , The older brother returns : finding a renewed sense of God's love and mercy, Attic Studio, 1998.

- ____, Resisting the devil : a Catholic perspective on deliverance : a bridge between exorcism and the sacrament of reconciliation, Huntington : Our Sunday Visitor, 2010, 176 p. 

- ___, Unbound – a practical guide to deliverance, Baker Publishing Group, 2010, 256 p. 

- ___, Unbound – a practical guide to deliverance from evil spirits, Grand Rapids : Chosen books, 2003, 254 p.

- LOZANO, Neal et LOZANO, Mathew, Abba's heart : finding our way back to the father's delight, Minneapolis : Chosen, 2015, 220 p.

- MacNUTT, Francis, Deliverance from evil spirits : a practical manual, Chosen Books, 2009, 304 p.

- S.A., livret d'une conférence "Unbound" (délié) à l'église Our Lady of Good Consel à Plymouth dans l'État du Michigan (États-Unis), 2018, disponible en ligne. Référence : 'Unbound' 2018.

- SCANLAN, Michael et RANDALL, J. Cirner, Deliverance from evil spirits : a weapon for spiritual warfare, Servant Books, 1980, 121 p.

Publications en français

- ANNACONDIA, Carlos, "Écoute-moi bien Satan !", Nîmes, éditions Vida, 2009, 204 p. 

- Commission doctrinale du Service international du Renouveau charismatique catholique (ICCRS), le Ministère de délivrance, Nouans-le-Fuzelier : éditions des Béatitudes, 2017, 137 p. Référence : CD-ICCRS 2017.

- LOZANO, Neal, Délié : guide pratique de la délivrance, Nouans-le-Fuselier : Éditions des Béatitudes, collection "Pneumathèque", 2014, 303 p. 

- LOZANO,  Neal et LOZANO, Matthew, le Cœur du père : comment retrouver le bonheur d'être son enfant, Nîmes : éditions Vida, 2016, 238 p.  

- TULASNE, Pierrre-Louis, RAOUL, Magali, et LAGRUT, Blandine (dir.), Tu as rompu mes liens : pourquoi et comment prier pour la délivrance ?, Paris, Éditions du Cerf, 2019, 372 p.

Débats catholiques autour de Délié

- Bureau des exorcistes (Conférence des évêques de France), "Réflexions sur le livre 'délié' de Neal LOZANO", novembre 2020 :

- EDART, Jean-Baptiste, RAOUL, Magali et TULASNE, Pierre-Louis, "Réponse à la note du Bureau national des Exorcistes sur l'ouvrage de Neal Lozano, Délié", 2021 : 

- LOZANO, Matt(hew), "Réponse aux 'Réflexions sur le livre Délié' de Neal Lozano", automne 2020 : 

Positions officielles catholiques

- Congrégation pour la Doctrine de la foi, lettre du Cardinal Joseph RATZINGER du 29 septembre 1985. 

- MAUTORT, Oranne de et FEILLET, Bruno (Mgr), "Thérapies dites de conversion", Conférence des évêques de France, Conseil Famille et société, 27 novembre 2019, n° 170.

Documents non universitaires

- ADÉNOR Jean-Loup et RAUGLAUDRE, Timothée de, Dieu est amour, infiltrés parmi ceux qui veulent "guérir" les homosexuels, Paris, Flammarion, 2019, 303 p.

- JOVA, Pierre et LINDELL, Henrik, Comment devenir plus catholiques : en s'inspirant des évangéliques, Paris : Éditions de l'Emmanuel, 2020, 263 p.

- "Christan deliverance work widespread", Religion News Blog, 20 septembre 2003.

Documents universitaires

- AUBOURG, Valérie, Réveil catholique : emprunts évangéliques au sein du catholicisme, Genève : Labor et fides, 2020, 353 p. 

- CUNEO Michal W. , American exorcism : expelling demons in the land of plenty, London, Transworld digital, 2010, 384 p. 

- MUCHEMBLED, Robert, Une Histoire du diable : XII^e-XX^e siècle, Paris, éditions du Seuil, 2004 (2000), 403 p.

- RENAUD-TREMELOT, Marie, la Possession démoniaque aujourd'hui, quel destin pour le désir dans le lien social contemporain ?, thèse de psychologie présentée à l'Université de Rennes II sous la direction d'ABELHAUSER, Abel et ARENES, Jacques, 2020, 476 p.

Recherche théologique

- LÉCU, Anne, "les prières pour obtenir la guérison", Études, Juin 2021, n°4283, p. 81 à 90.

- RAOUL, Magali, "les prières de délivrance et leur dimension psychologique", Revue d'éthique et de théologie morale, 2019/1 (n°301), p. 81 à 94.