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Le blog d'Anthony Favier

cecile dufflot

Les catholiques français et l'écologie politique

19 Avril 2021 , Rédigé par Anthony_Favier Publié dans #écologie politique, #Laudato si, #Cyril Dion, #Cécile Renouard, #Gaël Giraud, #Esther Duflo, #Bruno Latour, #Pierre Larrouturou, #Pierre Hurmic, #Grégory Doucet, #Léononore Moncond'huy, #Cécile Dufflot, #Revue Limite, #Eric Piolle, #Chrétiens unis pour la Terre, #Label Église verte

Note

Quel est le point commun entre "Chrétiens unis pour la Terre", "Limite, revue d'écologie intégrale", le label "Église verte" ou bien encore le blog "Églises et écologies" ? Leur nom est en soi assez transparent : toutes ces entités renvoient à des engagements en faveur de l'écologie. Mais pas n'importe laquelle, une qui s'enracinerait dans le christianisme et, en particulier, dans le catholicisme. En accord avec cette sensibilité, dans son message du 22 avril dernier, à l'occasion de la journée de la Terre, le pape François a fait un appel pressant : "il est temps d'agir, nous sommes à la limite". Ce geste témoigne du fait que la sauvegarde de la planète, loin d'être anecdotique, est désormais au cœur du message de l'Église catholique. 

Depuis quelques mois, des publications attirent même l'attention des observateurs sur la présence de catholiques dans les sphères de l'écologie militante au point où on peut se demander s'il s'agit d'une conversion profonde ou d'un épiphénomène.

Si l'encyclique Laudato si (2015) a pu faire émerger une nouvelle génération de militants, qui assument un héritage religieux voire une identité confessionnelle et sont prêts à s'affirmer dans ce champ d'action, cette politisation peut-elle, pour autant, aboutir à une dynamique électorale d'ampleur ? Et que dit-elle des recompositions internes du catholicisme français ?

L'effet Laudato si : l'écologie politique comme un courant politique adoubé par l'Église ?

Le 15 mars dernier, le pape François (élu en 2013) a reçu au Vatican, entre autres, les militants français Eva SEDOUN et Cyril DION (1). La première est une entrepreneuse sociale co-fondatrice de la plateforme Lita dédiée à l'"investissement responsable". Le second est un poète et militant engagé tant dans l'écologie que la démocratie participative. Invitant les "gilets jaunes" à se préoccuper aussi des enjeux de transition écologique, il est un de ceux qui a inspiré la réunion de la "Convention citoyenne pour le climat" créée par le président Emmanuel Macron en avril 2019. Depuis, il a dénoncé la "loi climat" qui en est issue. Cette dernière répond, à ses yeux, de manière très imparfaite, aux vœux des citoyens qui s'étaient réunis. Cyril Dion est également le co-réalisateur avec Mélanie Laurent du documentaire "Demain" (2016) régulièrement diffusé depuis. L'euro-député Pierre LARROUTUROU (affilié au groupe S&D : "alliance progressiste des socialistes et démocrates" du Parlement européen), rapporteur général du budget de l'Union européenne, initialement invité à cette rencontre, a dû annuler sa visite en raison d'un test positif au Covid 19. À l'issue de l'audience pontificale, le pape aurait même déclaré aux militants : "faîtes la révolution, faîtes du désordre. Le monde est sourd, il faut lui ouvrir les oreilles" (idem)François pèserait-il donc de tout son poids pour aider l'expression d'une gauche environnementale au niveau européen ?

Dès 2015, il avait, en tout cas, signé la lettre encyclique Laudato si "sur la sauvegarde de la maison commune". Ce document était le premier texte substantiel du Vatican explicitement, et exclusivement, consacré à la question environnementale. L'encyclique – qui tire son titre d'un verset du Cantique de Frère Soleil de saint François d'Assise – appelle les catholiques à s'engager dans l'écologie tant qu'elle répond aux différentes dimensions humaines et sans sacrifier aux enjeux du développement. Le texte, plutôt bien reçu à l'intérieur et à l'extérieur du catholicisme, a suscité, depuis sa publication, une série d'initiatives qui renouvellent assurément l'engagement chrétien dans le domaine de la protection de l'environnement.  

Laudato si se situe, en réalité, dans la tradition du concile Vatican 2. L'encyclique témoigne de la confiance qu'a l'Église dans le fait que certains combats sociaux en faveur de l'humain et de son développement sont compatibles avec la foi chrétienne, les Évangiles et la "doctrine sociale de l'Église". On sait que cet appel à trouver une convergence entre certains terrains d'action sociale et le catholicisme avait pu avoir, dans les années 1970-1980, un rôle non négligeable dans l'essor de militantismes originaux, par exemple l'aide au "Tiers-monde" ou l'action au sein de certains partis ou syndicats en Occident. En va-t-il donc de même aujourd'hui avec l'écologie politique ? 

Une visibilité accrue en France ?

Si on se réfère aux enquêtes quantitatives sur le seul vote partisan, le constat est encore à nuancer. Et largement.

Des dynamiques électorales encore limitées

En France, le catholicisme pratiquant se situe toujours à droite. Le laboratoire CEVIPOF de Sciences Po, dans le cadre de son programme de recherche "l'enquête électorale française", a même livré une note en janvier 2017, sans appel : "plus un électeur est intégré au catholicisme, plus il a de chance de voter à droite" et en faveur de ses partis traditionnels, Les Républicains (LR) en tête (1). Europe Écologie les Verts (EELV) – le parti dominant de l'écologie politique en France – est loin d'être le débouché électoral le plus naturel des catholique, avec seulement 1,3% du vote des pratiquants réguliers. Dans cette enquête statistique, à gauche, le candidat écologiste Yannick Jadot arrivait même derrière Jean-Luc Mélenchon (7,6%) et Manuel Valls (9,5%) (avec une hypothèse Mélenchon, Jadot, Valls, Macron, Fillon, Dupont-Aignan, le Pen).

S'il existe un vote catholique écologiste, il sembler relever plus classiquement du flux restant des "chrétiens de gauche" qui se distribue, selon les différentes configurations électorales, entre la France insoumise, les partis, mouvements et personnalités issus du PS (Valls, Hamon) et EELV. Réalisée à l'occasion de la primaire de la droite – et dans la configuration très spécifique de l'élection présidentielle de 2017 – cette note ne permet sûrement pas de cerner toutes les dynamiques éventuelles d'un engagement catholique en faveur de l'écologie sur le plan électoral. Elle pêche également par une conception "pratiquo-centrée" de l'appartenance religieuse, sans prise en compte spécifiquement des croyants qui ne sont plus forcément en lien avec une institution religieuse mais ne renoncent pas, pour autant, à un lien avec une tradition religieuse.

Une autre donnée qualitative permet peut-être d'y voir plus clair : le sondage réalisé par la revue dite justement d' "écologie intégrale" Limite sur son lectorat en octobre 2020 à l'occasion de son cinquième anniversaire. Cette enquête réalisée sur 750 lecteurs (pour une diffusion à 3000 exemplaires) confirme, en partie, les travaux du CEVIPOF. Le magazine, qui séduit majoritairement des pratiquants catholiques (91,6%), plutôt jeunes, montre bien que son électorat vote plutôt à droite : 42,3% pour François Fillon au premier tour de l'élection présidentielle de 2017 (2). Cependant, la même enquête tend à présenter ce phénomène comme un vote "par défaut", en l'absence d'un débouché politique alternatif. Commentant ce sondage dans le journal La Croix, le politiste Yann Raison du Cleuziou parle de ce lectorat comme d'une "jeunesse catholique" qui se "trouve dans un non-lieu politique" en raison d'une absence d'une organisation représentative dans le champ partisan (3).

Défendant une thèse qu'il a récemment présenté dans son ouvrage une Contre-Révolution catholique, le chercheur veut voir dans cet écologisme catholique le résultat de l'essoufflement de l'idée de progrès, qu'il place au soubassement intellectuel des forces idéologiques de gauche. Cette poussée écologiste se combinerait, toujours à ses yeux, de manière inédite, avec un fort attachement à des enjeux de sobriété et d'égalité (RAISON du CLEUZIOU, 2020). Ce ne serait donc pas tant une écologie conservatrice sur le plan des mœurs qu'une aspiration à une nouvelle forme d'écologie, sensible à certaines questions sociales, égalités de revenus par exemple, qui ne se reconnaîtrait pas dans EELV. Faute d'organisation, elle n'aurait d'autre solution que de s'exprimer autour de quelques figures marquantes et une revue comme Limite

Des personnalités "inspirantes" ? 

Dans la mesure où le catholicisme pratiquant est un fait social désormais ténu, qu'il a de moins en moins de poids démographiquement, sa capacité d'entraînement est donc structurellement limitée à moins que n'émergent des figures charismatiques. Tel est donc le parti pris du dossier de mars 2021 du magazine la Vie intitulé de manière symptomatique "ces chrétiens qui inspirent à gauche".  Si influence il y a, il conviendrait plus de la chercher, selon ce journal, du côté du phénomène de la "minorité créatrice", pesant peu, mais qui serait, par ses dynamiques propres, capable d'impulser des idées et des organisations nouvelles. Les auteurs du dossier estiment même qu'une nouvelle génération de chrétiens politisés à gauche et dans l'écologie s'affirme après les années "mariage pour tous". Ils entraîneraient dans leur sillage de nombreux militants attirés par leur radicalité assumée : 

Tandis que les catholiques conservateurs retrouvaient des couleurs à la faveur des manifestations contre l'ouverture du mariage à tous les couples, on disait qu'ils s'étaient dissous dans le social. Qu'ils avaient oublié leur ancrage confessionnel. Mais le vent semble avoir tourné. Les cathos de gauche retrouvent ici ou là une visibilité [...] Ces néo-cathos de gauche entendent bien transformer radicalement la société, et pas selon un "juste milieu" qui ne ferait que "retarder l'effondrement", comme le soutient encore le pape François. Et ils s'y emploient, tout en assumant leur foi 'tranquille'.

"Ces chrétiens qui inspirent à gauche", La Vie, 18 mars 2021.

Et pour illustrer un tel printemps militant, confessionnel et politique, la couverture du magazine choisit une photographie de quatre figures influentes : 

  • Cécile RENOUARD : religieuse de l'Assomption et philosophe enseignant à la faculté jésuite de Paris, elle la co-fondatrice du "Campus de la transition" qui ambitionne de former des étudiants aux enjeux des transformations écologiques des activités économiques. 
  • Gaël GIRAUD : jésuite et économiste qui a travaillé à l'Agence française de développement de 2015 à 2019, il est aujourd'hui professeur dans plusieurs institutions supérieures prestigieuses et écrit régulièrement dans les revues ​​​​ ​​Projet ou Études liées aux jésuites. Président d'honneur de l'Institut Rousseau, cercle de réflexion souvent présenté à gauche, il discute souvent de (l'impossible) réforme du capitalisme en proposant une réhabilitation alternative des "communs" pour faire sortir du marché un certain nombre de biens essentiels. 
  • Bruno LATOUR : sociologue, anthropologue et philosophe à l'œuvre prolixe, très connue dans les pays anglophones, il n'est pas souvent présenté à partir d'une identité confessionnelle. Mais le journal la Vie le qualifie de "nouveau prophète de l'écologie" : "'catholique pratiquant mais incroyant' comme il se définit, il a toujours mis la religion dans son champ de vision" (4). Sa méthode de description du réel, partant de l'individu, décrivant la carte de son territoire de vie avec ses "alliés" et ses "menaces" a pu être exportée pour mettre en pratique Laudato si. Interrogé sur l'essor d'un christianisme écologique par le journal le Monde à l'automne 2020 pour la sortie de son livre Où suis je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres (La Découverte, 186 p.), il salue l'action du pape François depuis Laudato si – même s'il nuance la capacité réelle d'influence du souverain pontife au sein de son Église : "cela ne touche que la surface, la grande majorité des catholiques, me semble-t-il, croient toujours qu'il faut plutôt se préparer à aller au ciel !" (idem) 
  • Esther DUFLO : économiste, co-récipiendaire du prix Nobel d'économie en 2019, elle n'a jamais caché tout ce que lui a apporté adolescente la pratique du scoutisme chez les Éclaireuses et éclaireurs unionistes de France. 

Ces quelques figures d'intellectuels qui forment le panthéon offert aux lecteurs de la Vie peuvent poser question. Il faut d'abord relever que, dans un catholicisme français contemporain où la critique du "cléricalisme" est forte, deux figures choisis restent des professionnels du religieux : un prêtre, Gaël Giraud, jésuite, comme le pape, et une religieuse, Cécile Renouard. L'abbé Pierre et soeur Emmanuelle, les célébrités catholiques des décennies marquées par l'engagement à gauche de certains secteurs de l'Église, laissent-ils leur place à des clercs "verts" qui conjuguent également des formes de radicalité et de notoriété ?

De plus, cette galaxie d'étoiles brillantes est peut-être plus représentative d'une élite chrétienne, ou catholique, que des croyants de base : Renouard, Giraud, Latour et Duflo enchaînent les succès académiques et ont accédé aux mérites les plus élevés de leurs corporations respectives. Si "politisation" il y a, elle concerne peut-être une certaine élite, qui s'insère dans les avant-gardes de son époque, en raison de son fort capital culturel et symbolique, davantage que les croyants ordinaires, plus routinier dans leurs conceptions politiques et leurs positionnements idéologiques.

Des parcours militants significatifs 

Si les dynamiques électorales ne permettent pas d'identifier encore la poussée d'un christianisme vert et qu'il faut plutôt se rabattre sur des figures intellectuelles marquantes, un dernier élément peut-être mobilisé dans la recherche d'une politisation catholique dans l'écologie : le parcours de nombreux militants écologistes eux-mêmes. Les élections municipales de l'année dernière ont, en effet, mis en lumière les ancrages confessionnels d'une nouvelle génération d'édiles verts dans des grandes villes et des métropoles. Trois d'entre eux ont retenu l'attention sur ce point à des degrés divers :

  • Pierre HURMIC, qui a ravi la municipalité de Bordeaux historiquement ancrée à droite, se définit lui-même comme "un catho de gauche pris entre l'arbre et l'écorce" : "les gens de gauche ne m'aiment pas et les intégristes me détestent" (5). Marqué par l'enseignement de son ancien professeur de droit à la Faculté de Bordeaux, Jacques Ellul – intellectuel protestant critique de la dérive technicienne de nos sociétés – et proche de l'actuelle présidente du Secours catholique Véronique Fayet, Pierre Hurmic s'était opposé à Noël Mamère, maire de Bègles, pourtant écologiste, quand ce dernier avait célébré en 2004, avant sa légalisation donc, un mariage homosexuel (aujourd'hui, il ne demande plus l'objection de conscience et célèbre des mariages entre personnes de même sexe).
  • Grégory DOUCET, le nouveau maire de Lyon, en septembre 2020 s'était plutôt fait remarquer au début de sa mandat par une polémique relative à son absence à la traditionnelle "cérémonie du vœu des échevins" (durant laquelle, depuis le 17ème siècle, les édiles lyonnais remercient la Vierge pour sa protection contre les calamités). La raison alors avancée par le jeune maire fut le respect de la laïcité même s'il s'est rendu sur place après la cérémonie. Sitôt connue, cette position avait suscité une série de remarques acerbes de milieux identitaires qui y voyaient les ravages d'une posture significative d'EELV, parti présenté comme accommodant avec l'islam et dur avec christianisme (6). Pourtant le nouveau maire est loin d'être hostile au monde catholique. Le portrait de lui fait par le Monde en avril 2021 en témoigne : "quadragénaire au court passé militant, Grégory Doucet puise son inspiration auprès des penseurs contemporains, avec lesquels il s'entretient régulièrement. Après le philosophe Bruno Latour, il a discuté avec l'économiste Gaël Giraud, partisan de l'endettement..." (7). Dans son dossier "ces chrétiens qui inspirent à gauche"La Vie a même révélé l'identité confessionnelle de plusieurs de ses collaborateurs : Isabelle Prin, adjointe aux affaire scolaires, et Silvère Lataix, adjointe aux affaires sociales (10).
  • Léonore MONCOND'HUY, la maire EELV de Poitiers – qui s'est fait remarquer par ses propos sur les rêves d'aviateur des enfants qu'il faudrait proscrire pour limiter le réchauffement climatique – est protestante et le dossier de la Vie rend public sa proximité avec sa conseillère au patrimoine, Clémence Pourroy : "très investie dans le diocèse de la ville poitevine, et formée à 'l'école de la responsabilité chez les scouts et au CCFD-Terre Solidaire" (idem). 

Cette génération nouvelle d'acteurs écologistes labellisables chrétiens, rejoint une précédente déjà connue qui s'était affirmée au début des années 2010 : 

  • Cécile DUFFLOT, députée EELV de 2012 à 2017, ministre de l'Égalité des Territoires et du Logement de 2012 à 2014 du gouvernement Jean-Marc Ayrault. Elle signe en 2016 une déclaration de candidature à la primaire des vertes dans laquelle elle évoque sa socialisation dans les organisations catholiques JOC et ACE. Fille d'un couple de militants "cathos de gauche", Cécile Duflot rompt avec la pratique dominante au sein de son parti de plutôt taire de tels engagements et aurait ouvert la voie à d'autres à assumer une partie de leur identité militante. 
  • Éric PIOLLE, maire EELV de Grenoble depuis 2014, s'était manifesté au début de son premier mandat par des confessions biographiques de même nature. Dans un un entretien réalisé avec la Vie, il affirme en 2015 : "je ne suis pas croyant, mais un compagnon de route de l'Église catholique. J'ai été au catéchisme et à l'aumônerie jusqu'en classe préparatoire. Je continue d'aller à la messe" (8). À l'instar du Parti communiste de jadis, l'Église catholique bénéficierait donc désormais de "compagnons de routes" avec, comme pour Bruno Latour, la revendication d'une pratique religieuse non confessante. Dans un autre entretien réalisé pour la revue Études, Eric Piolle assume, comme Cécile Dufflot, sa socialisation dans un milieu "cathos de gauche" (dont on retrouve certaines organisations caractéristiques comme l'ACAT ou Amnesty international) ainsi qu'une réflexion est complètement compatible avec la ligne du pape François : "le choix de l'écologie s'est imposé assez naturellement lorsque j'ai pris conscience qu'on ne pouvait pas séparer les dysfonctionnements sociaux et des dysfonctionnements environnementaux" (9).

Le catholicisme ne serait donc pas tant un champ social générant des électeurs écologistes que produisent des cadres ayant été socialisés dans des organisations catholiques comme les aumôneries, les mouvements d'Action catholique, les organisations confessionnelles de défense des droits humains ou le scoutisme. Telle est, en tout cas, la piste suivie par Vanessa Jérôme, auteure d'une thèse sur la question (JEROME 2021) qu'elle vient de présenter de manière convaincante dans un article disponible dans la dernière livraison de la revue Études :

[les attendus verts] sont sans conteste de nature à (ré)acter les dispositions à l'engagement de chrétiens déjà familiers des discours sur la finitude du monde et habitués à agir, ici et maintenant, dans "l'amour de leur prochain". L'éducation chrétienne prépare aussi aux rudesses de la socialisation militante verte. Il n'est pas nécessaire de recourir à quelque métaphore qui ferait inutilement passer les militants pour des prêcheurs et les partis politiques pour des Églises pour dire à quel point l'institution partisane verte favorise ceux qui savent déjà faire avec des conditions d'apprentissage difficiles et l'aisance des chrétiens en cette matière.

Vanessa Jérôme, "Et le pape François délia les langues vertes", Études, avril 2021, n°4281, p. 68-69.

Des transfuges des Églises vers les partis ? 

Ce serait donc en raison des dispositions acquises au sein des organisations confessionnelles, qui ne parviennent pas à les garder, que certains catholiques excelleraient dans les carrières militantes et politiques vertes : 

Instance (re)productrice et prescription de rôles, dont le régime de vérité autant que les règles, normes, routines et rites sont signifiés avec plus ou moins d'autorité aux militants, elle pénalise vite ceux qui ne comprennent pas seuls les complexités organisationnelles, valorise ceux qui savent déjà manier le verbe et les visions d'avenir pour convaincre leurs semblables, et récompense ceux qui assument en public sans ciller des affiliations conflictuelles ou stigmatisées.

Idem, p. 69.

Cette approche est intéressante à plusieurs titres. Tout d'abord, elle s'inscrit dans le sillage des travaux de plusieurs jeunes chercheurs qui travaillent les liens complexes qui unissent désormais dans nos société respect de la nature et religion (BERTINA et autres 2013, BERTINA 2017, GERVAIS 2020). De surcroît, les travaux de Vanessa Jérôme sont instructifs car ils nous déplacent des analyses spontanées qui sont faites en établissant des ponts idéologiques entre des motifs d'ordre religieux et l'écologisme politique. En effet, des observateurs tendent souvent à privilégier des explications idéologiques, en partant des croyances, pour expliquer une politisation vers l'écologie. Ce type d'analyses s'attachent surtout à voir dans les valeurs politiques écologistes un rejeu ou le prolongement d'une culture religieuse initiale. 

Dans le dossier de la Vie, la dynamique de politisation s'enracinerait, par exemple, dans "un bataille culturelle centrée autour des valeurs de la dignité humaine, de la justice sociale et de l'écologie [....] penser le temps long a toujours fait partie de l'ADN chrétien" (10). Dominique POTIER, député PS de la 5ème circonscription de Meurthe-et-Moselle,  président d' "Esprit civique", une association inspirée du mouvement personnaliste et ancien du MRJC, s'était fait remarqué en 2013 en faisant partie des quelques députés PS s'abstenant au moment de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe  et se montre toujours réticent devant la PMA (11). Interrogé dans l'article, il développe même un argument de type moral pour expliquer ce phénomène de cathos verts : leur "vision résulte de leurs racines dans le mouvement caritatif et l'éducation populaire. Ce qui les conduit à adopter une grande sobriété dans leur mode de vie, à vivre une proximité avec les plus pauvres. Ce qui contraste avec le personnel politique habituel [...] ils vont chercher le meilleur aux sources de la gauche et de l'Évangile" (10). Ce serait donc une sorte d' "état de perfection" qui conduirait des engagements verts. De manière générale, à en croire les rédacteurs du journal chrétien, le débouché politique le plus naturel du christianisme serait même l'écologisme – non sans idéalisation morale des acteurs engagés dans de tels processus : croyants et militants  "convergent dans leur rapport monde. Ils partagent une pensée inscrite. la fois dans le local et l'universel, le sens de la sobriété et le goût de la vie simple, manient de concert la critique du matérialisme. Songer à l'avenir des enfants est aussi une pensée quasi-religieuse en ce qu'elle s'étend au-delà de sa propre mort" (idem)... L'élément confessionnel serait même une sorte d'antidote aux tendances collapsologistes et anti-humanistes de certains courants verts.

La poliste Vanessa Jérôme préfère replacer dans une perspective plus large historiquement la politisation d'acteurs socialisés religieusement. S'ils ont trouvé dans EELV un débouché militant ce n'est pas toujours parce qu'ils se sentaient poussés à le faire par leur groupe confessionnel d'origine. Mais ils ont plutôt substituer dans un engagement politique une appartenance confessionnelle en souffrance en raison de la radicalité de leurs positions  :

les Verts font en effet surtout le bonheur militant de chrétiens qui, de la Résistance au parti pris contre la guerre d'Algérie, de Mai-68 aux luttes des "sans" des années 1990, se sont politisés aux côtés des minorités en lutte et à distance des bancs des églises. Critiques du monde social et de l'ordre établi ils se retrouvent sans surprise au pôle le plus politisé et le plus progressiste du catholicisme [...] Animateurs autant qu'héritiers d'une pluralité de combats antiautoritaires, écologistes et antinucléaires, pacifistes, tiers-mondistes puis altermondialistes, antiracistes, féministes et inclusifs, les chrétiens verts ont fait leurs armes militants, en fonction de leurs âges et des époques, dans de nombreuses organisations."

Vanessa Jérôme, "Et le pape François délia les langues vertes", Études, avril 2021, n°4281, p. 70

Pluriengagés dans les activités associatives et syndicales, ils n'ont pas non plus hésité à franchir le pas de l'action politique. Considérants qu'ils étaient tout autant que d'autres invités par les clercs à "s'engager ici-bas", et disposés à militer dans des partis politiques dont la structuration, perçue comme peu contraignante leur laisse croire que l'on peut y militer en toute liberté de conscience, ils ont le plus souvent rejoint le Parti socialiste unifiée (PSU) avant de s'éparpiller dans quelque collectif appartenant au monde des gauches alternatives.

p. 71

Nous assistons donc peut-être à la dernière étape d'une recomposition d'une dynamique ancienne. Les chrétiens de gauche verdissent dans une situation où les écologistes se portent mieux aujourd'hui que les socio-démocrates. Pourquoi donc, alors, un tel intérêt pour de si nombreux acteurs à mettre en avant cette politisation ? 

Une conversion à l'écologie qui reste plurielle

Dans un contexte de défiance à l'égard des partis et du personnel politique, l'étiquette "écologiste" est peut-être la seule qui soit facile à porter aujourd'hui : identitaires (le "localisme" du RN), conservateurs, libéraux, socio-démocrates, socialistes plus alternatifs ont peut-être même tous intérêt à se présenter sous le logo trans-partisan de la sauvegarde de la planète. Cela constitue le seul récit encore facilement mobilisable tant les indices d'une dégradation des conditions de vie sont nombreux. Ce verdissement de l'ensemble des discours sociaux ne brouille-t-il pas artificiellement des lignes anciennes de fracture et l'acuité des clivages encore présents au sein même du catholicisme ? 

Une écologie intégrale insoluble politiquement ?

Si on repart des documents du Magistère eux-mêmes, il ne faudrait pas mésinterpréter les appels de Rome à défendre l'environnement. L'encyclique Laudato si (2013) du pape François est loin d'être une injonction à s'engager dans le domaine de l'écologie politique sans mises en garde ni précaution. Le "mouvement écologique mondial" est ainsi présenté, dans ce texte, comme "digne d'appréciation", ayant généré "de nombreuses associations citoyennes qui ont aidé à la prise de conscience" , mais au bilan encore imparfait (§14). Toujours dans ce texte, le pape trouve ainsi "préoccupant" le fait que "certains mouvements écologistes qui défendent l'intégrité de l'environnement et exigent avec raison certaines limites à la recherche scientifique, n'appliquent pas parfois ces même principes à la vie humaine" (§136). Il dénonce en particulier les "expérimentations sur les embryons humains vivants" et, au-delà de ce seul aspect bio-éthique, certaines évolutions techniques relevant de l'assistance médicale à la procréation ou des droits sexuels reproductifs (contraception chimique, IVG, IMG). Le hiatus entre Rome et la communauté internationale, qui était apparu au moment de la conférence du Caire (1994) posant le lien entre enjeux reproductifs et développement, n'a guère disparu avec Laudato si.

L'encyclique reste, en réalité, fidèle à une certaine ligne "intransigeante" catholique au sens du concept d'Émile Poulat (sur ce concept et son emploi : voir GUGELOT 2016). Le texte défend une écologie qui ne sacrifierait pas la doctrine en matière de bioéthique ou d'autres éléments plus sociaux. À certains égards, elle recycle une critique catholique anti-libérale et anti-capitaliste très ancienne. Pour être pleinement valable, le combat environnemental se doit d'être "intégral" car en accord par exemple avec le grand texte de Paul VI Popolorum progressio (1967) sur un développement harmonieux des sociétés au Nord et au Sud économique ainsi que l'encyclique Humanae vitae (1968) sur le refus de toute technique dans le contrôle des naissances. En ce sens, le texte se situe dans une longue série d'indications romaines faites aux catholiques pour s'insérer dans les combats militants de leur temps tant que cela ne remet pas en cause l'intégrité de la doctrine que défend l'Église catholique romaine. Cette dernière peut se positionner, non pas comme l'alliée des gagnants de la mondialisation économique et financière, les sociétés du "G20", mais plutôt comme la vigie morale des pays moins intégrés aux échanges productifs et industriels.

Si on se place d'un point de vue historique, le phénomène est loin d'être inédit. Il faut ainsi rappeler que les catholiques ont progressivement obtenu de Rome  le droit de s'impliquer dans les syndicats (en 1891 avec l'encyclique Rerum novarum), les démocraties libérales – et encore, sous conditions, après quelques condamnations – avec l'organisation progressive de partis "démocrates chrétiens" ou même, plus récemment, le socialisme (ni matérialiste ni d'obédience soviétique) – pensons à la lettre de Paul VI Octogesima adveniens au cardinal Roy en 1971.  L'écologie militante et politique n'est que le dernier des courants politiques ou idéologiques que la papauté ne cherche plus à combattre mais plutôt à habiter de l'intérieur, à condition que sa conception plus générale de l'homme et de sa dignité soit respectée. Cette "conversion" attire évidemment l'attention des médias et des opinions publiques. Et il faut dire que des rencontres comme celle de mars entre le pape et des militants où il enjoint à faire la "révolution" font beaucoup en la matière. Tout cela ne doit pas faire perdre de vue le fait que Rome appelle non pas à défendre "l'écologie" en général que l'écologie "intégrale" qu'une série de documents magistériels s'attachent à cadrer. Il n'est pas évident que cette dernière rentre de manière aisée dans les clivages politiques dominants dans nos démocraties occidentales.

Ruptures et continuités 

Le label "vert" peut, en tout cas, aujourd'hui re-dynamiser des courants antérieurs du catholicisme qui étaient un peu laissés à l'abandon ou s'étaient laissés enfermés dans une sociologie restreinte ou la répétition faiblement convaincante de certains thèmes argumentaires. Si l'essor de l'inquiétude écologique peut nourrir le passage à l'engagement militant de certains croyants, il n'est pas dit qu'elle ait fait totalement disparaître le pluralisme catholique désormais structurant dans les sociétés occidentales.

Dans le pôle de l'identité du catholicisme, au sens du concept de Philippe Portier (PORTIER 2012), un certain conservatisme politique peut se détacher du libéralisme – auquel il s'est souvent associé historiquement dans les formations politiques – , surtout quand ce dernier s'ouvre à l'autonomie individuelle en matière de droits reproductifs et de sexualité. Il recycle alors à son propre compte la distinction entre social et sociétal pour défendre une vision traditionnelle dans laquelle la nature impose un ordre social en matière de famille et d'enjeux reproductifs. La critique d'un progrès devenu fou associée à une mise en garde contre les dangers de la technique permettent alors de contester certaines évolutions bioéthiques. Ce serait encore, du moins si l'on se fie à l'enquête de 2020, la sensibilité du lectorat de Limite qui a été majoritairement fidèle à François Fillon au premier tour de 2017. Cette sensibilité "Sens commun" resterait donc dominante au sein des abonnés. Notons, toutefois, que, au moment de l'ouverture des débats sur la PMA pour les couples de même sexe en 2019, des visions plus nuancées ont commencé à s'exprimer au sein même de la revue témoignant de l'émergence de clivages internes (12). 

À l'opposé, dans le pôle de l'ouverture, on est bien conscient de ce risque d'une réduction aux valeurs conservatrices si ce n'est identitaire et nationalistes. En 2018, un collectif d'intellectuels autour de Gaël Giraud signe une tribune dans le journal le Monde intitulée "l'écologie intégrale n'est pas ce que vous croyez". Le texte défend Laudato si contre ses récupérations :

"[l'encyclique] est bien loin de l'interprétation d'un bastion du néoconservatisme, comme le disent certains. Il est bien possible que des cercles aimeraient sélectionner, réduire, adapter la parole papale [...] or, si un courant bruyant existe bel et bien, qui voudrait confondre intégral et intégriste, il est loin d'être représentatif, et encore moins majoritaire chez les chrétiens [...] l'écologie intégrale n'implique pas le nationalisme [...] l'écologie intégrale ne se réduit pas non plus à la bioéthique. Ce serait un contresens par rapport à l'encyclique, où ce sujet, certes important, est loin de résumer ce que les chrétiens ont à dire et à faire dans ce monde où les écosystèmes sont détruits à grande vitesse"

"l'écologie intégrale n'est pas ce que vous croyez", le Monde, 26 juillet 2018, p. 22

Il se peut également qu'on assiste, plus simplement aussi, à une reconfiguration des forces catholiques de gauche qui, rééquilibrent leurs priorités, en mettant désormais la défense de la "maison commune" comme un thème aussi important que les enjeux d'égalité, quitte à mettre en sourdine ceux de production de richesse ou de croissance, motifs vers lesquels l'avait conduit historiquement le compagnonnage avec d'autres forces politiques. Comme le note Jean-Louis Schlegel, dans l'entretien qu'il livre dans la Vie, si phénomène de double politisation à gauche et vert il y a, il doit être abordé avec une lecture trans-générationnelle et européenne : 

En France, les cathos de gauche se sont retrouvés pris au dépourvu comme tous les gens de gauche, quand la gauche a voté en éclats, et l'écologie leur propose une doctrine de substitution. Il s'est passé la même chose en Allemagne : le SPD, parti-social démocrate, qui n'a plus rien de très à gauche, est en train d'être phagocyté par les Verts, parmi lesquels il y a des catholiques et des protestants très affirmés [...] Pour l'heure, on observe simplement des personnalités qui émergent, et ce n'est déjà pas si mal. D'ailleurs, si des écolos de sensibilité catholiques ont été élus dans les villes, les contours de leur rapport au catholicisme restent flous. N'oublions pas que les croyants sans appartenance sont légion."

Jean-Louis Schlegel, "l'écologie propose une doctrine de substitution", La Vie, 18 mars 2021, p. 26-27.

Replacé dans un contexte d'affaiblissement des identités politique et confessionnelles, le processus de politisation chrétienne dans l'écologisme reste donc à nuancer. Il s'agit encore d'un fait complexe, pluriel et très éclaté. Il n'est pas parvenu à surmonter un certain nombre de clivages même si ces derniers peuvent être abordés avec plus de complexité que par le passé au sein des appareils militants ou des cercles d'études.

Dans l'attente de 2022

Dans le contexte politique français, il est encore trop tôt pour voir quelle dynamique partisane l'emportera parmi les chrétiens de sensibilité écologiste. Malgré la proximité entre certaines thématiques de Laudato si et les thèmes, parfois les plus avancées, de la mouvance écologiste, même sur le plan politique, cela suffira-t-il vraiment à remettre en cause le tropisme statistique vers la droite conservatrice ? On peut encore en douter. D'autres configurations seraient même à envisager : passage, par peur de la radicalité anti-capitaliste portée à gauche par les Verts, dans le camp d'Emmanuel Macron de ce qu'il reste de catholiques pratiquants ce dernier parvenant à les détacher d'un pôle conservateur et identitaire ? Peu d'attention a été accordée au fait que, par un curieux brouillage des lignes attendues, c'est dans Témoignage chrétien que la ministère de la transition écologique Barbara Pompili a annoncé la décision d'abandonner les travaux du terminal de l'aéroport Roissy Charles de Gaulle en février dernier (14).  Quant aux  convergences espérées entre néo-cathos de gauche et écologistes politiques, il leur faudra surmonter de nombreuses difficultés : le poids des partis, la culture politique française qui fait peu cas des identités confessionnelles si ce n'est les aborde avec suspicion, les "guerres culturelles" de la gauche sur la race ou l'universalisme, mais aussi, gagner en réalisme pour ne pas sombrer dans une radicalité, qui marginalise souvent plus qu'elle attire. 

***

L'avenir du christianisme sera vert, assurément, dans la mesure où la possibilité de vivre sur cette planète ne passera pas sans changement drastique de nos modes de vie  : l'Église catholique, à l'instar de nombreux acteurs institutionnels, l'a bien perçu et l'encyclique Laudato si de 2013 a habilement tracer une feuille de route pour une nouvelle génération de croyants et de militants.

L'effusion de certains médias confessionnels autour de certaines figures emblématiques est sûrement un moyen pour insuffler de l'espoir à des milieux chrétiens d'ouverture, las d'être renvoyés à leur faiblesse au sein de l'appareil ecclésial ou des structures partisanes en raison d'un primat accordé à la sociologie de la pratique. Intellectuels ou politiques renommés constituent un horizon d'attente positif et sont des modèles identificateurs positifs pour des "cathos écolos", pas forcément "croyants et pratiquants" au sens sociologique du terme. C'est peut-être dans ce catholicisme inventif et plein d'initiatives que se trouvent des expériences plus massifiables demain, même si aujourd'hui en termes d'appareils partisans ou de dynamique électorale, cela semble encore limité. 

Le clergé catholique lui-même doit apprendre à composer avec des fidèles qui prennent au sérieux l'appel du pape François. C'est la mésaventure qui est arrivée à l'archevêque de Paris, Michel Aupetit, déjà en difficulté au sein de son diocèse. Le voici désormais destinataire d'une pétition de fidèles qui ont peu apprécié la façon dont un conférencier a traité de l'écologie dans son intervention de Carême à Saint-Sulpice. Intitulé  "après les 'amish', les écologistes doivent-ils subir le sobriquet de 'cathares' ?", le texte montre que, comme les politiques traditionnels ont pu être déstabilisés par l'essor des militants jeunes et convaincus (ceux mobilisés par Greta Thumberg ou ceux du collectif "Extinction rébellion"), les responsables catholiques sont déplacés par une composante d'Église qui participe désormais de son pluralisme. Au-delà de l'événement en lui-même, il témoigne en tout cas de la nécessité de suivre l'émergence d'un courant marqué par de nombreux engagements, aux confins du religieux et de différentes militances, qui se revendiquent du catholicisme ou d'une approche plus trans-confessionnelle du christianisme. 

Dietmar Rabich, "Sydney, Coast, New Zealand sea lions", 2019, Wikicommons, CB BY-SA 4.0.

Dietmar Rabich, "Sydney, Coast, New Zealand sea lions", 2019, Wikicommons, CB BY-SA 4.0.

Notes

(1) Loup BESMOND de SENNEVILLE, "Le pape à de jeunes Français engagés : 'Faîtes la révolution'"la Croix, 15 mars 2021.

(2) Claude DARGENT, "les catholiques entre les primaires de la droite et le vote à la présidentielle", La Note / #29 / vague 9, dans le cadre de "l'enquête électorale française, comprendre 2017", janvier 2017, disponible en ligne. 

(2) Dossier "Écologie et justice sociale : viser la lutte (ça ne nous fait pas peur)"Limite, revue d'écologie intégrale, n°20, octobre 2020, 130 p.

(3) Malo TRESCA, "des cathos écolos en quête d'un nouvel horizon politique"la Croix, 8 octobre 2020. 

(4)

(5) Pascale NIVELLE, "Pierre Hurmic, un maire de Bordeaux encore vert"le Monde, 23 octobre 2020.

(6)

(7) Richard SCHITTLY, "À Lyon, le singulier exercice du pouvoir de Grégory Doucet"le Monde, 21 avril 2021.

(8) "L'Évangile est le moteur spirituel dans mon action politique", entretien d'Éric PIOLLE avec Pascale TOURNIER, la Vie, 12 août 2015.

(9) Éric PIOLLE, "l'Évangile 'moteur spirituel' dans l'action politique", Études, janvier 2015.

(10) "Ces chrétiens qui inspirent à gauche", la Vie, 18 mars 2021.

(11)

(12) Paul PICCARRETA, Gaultier BÈS, Mahaut et Johannes HERMANN, Mariannę DURANO, Théo MOY, Étienne-Lazare GÉRÔME et Brieuc HAVY, "Bioéthique : ne nous trompons de combat"Limite, 17 septembre 2019.

(13) Tribune "l'Écologie intégrale n'est pas ce que vous croyez", le Monde, 26 juillet 2018, p. 22.

(14) "La Transition en question", entretien de Barbara POMPILI avec Lionel LÉVY, Témoignage chrétien, 18 février 2021. 

Références

- Ludovic BERTINA, Romain CARNAC, Aurélien FAUCHES et Mathieu GERVAIS (dir.), Nature et religions, Paris, EPHE-GSRL, 2013, 221 p. 

- Ludovic BERTINA, "La "conversion" écologiste de l'Église catholique en France : sociologie politique de l'appropriation du référent écologiste par une institution religieuse"thèse de sciences politiques sous la direction de Philippe Portier, EPHE, 2017, texte disponible en ligne sur la plateforme HAL (page consultée le 25 avril 2021).

- Mathieu GERVAIS, Nous, on se sauve nous-même : sécularisation, identité paysanne et écologie, Paris, Van Dieren, 2020, 361 p.

- Frédéric GUGELOT, "Intransigeantisme-libéralisme-socialisme : le triangle interprétatif de Poulat en débats"Archives de sciences sociales des religions, 176, 2016, p. 73 à 87.

- Philippe PORTIER, "Pluralité et unité dans le catholicisme français", dans Céline Béraud et autres, Catholicisme en tensions, Paris, Éditions de l'EHESS, 2012, p. 19 à 49.

- Yann RAISON du CLEUZIOU, Une Contre-révolution catholique. Aux origines de la Manif pour tous, Paris, le Seuil, 384 p. En particulier le chapitre 9 "un renouveau conservateur" et sa section "l'écologie du quotidien fondement du conservatisme responsable" (p. 358-370).

- Vanessa JEROME, Militer chez les Verts, Paris, presses de Sciences Po, 2021, 302 p.

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