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Le blog d'Anthony Favier

therapie de guerison

Thérapies de conversion : petit bilan de l’année 2020

1 Janvier 2021 , Rédigé par Anthony_Favier Publié dans #"Ex gays", #thérapie de conversion, #thérapie de guérison, #homothérapie

Rappelez-vous : fin 2019, nous étions plein d'attentes. Avec la sortie chez l'éditeur Flammarion du livre Dieu est amour de Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, la diffusion du documentaire Homothérapie du réalisateur Bernard Nicolas et la remise du rapport de la mission parlementaire "flash" sur "les pratiques prétendant modifier l'orientation sexuelle", nous pouvions penser que 2020 serait l'année où la France, désormais consciente et sensibilisée à ces sujets, accéderait à une législation digne de ce nom pour défendre la dignité des personnes LGBT.

Au sein de la société française, la cause de la lutte contre les thérapies de conversion semble avoir trouvé son public depuis que le Parlement européen ait appelé, en mars 2018, les États membres à légiférer contre ce genre de pratiques. Mais l'adoption d'une loi spécifique sur cette question semble encore s'éloigner un peu plus. Si l'on suit la Ministre Marlène Schiappa, le gouvernement semble vouloir intégrer cette législation anti-thérapie de conversion à la loi plus générale confortant les principes républicains dite "de lutte contre les séparatismes" (1). On peut comprendre le raisonnement qui conduit à une telle association mais aussi déplorer la faiblesse de nos institutions qui n'arrivent à pas à donner plus de crédit au travail sérieux essentiellement mené par la députée de la majorité Laurence Vanceunebrock-Miallon.

Pour autant, faut-il conclure, entre le Covid qui a donné le sens des priorités, à une année pour rien dans la lutte contre les thérapies de conversion ? Pas si sûr, petit tour du monde des signes d'inquiétude mais aussi d'espoirs....

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur le front

La "bonne nouvelle" de 2020 c'est assurément que la prise de conscience grandit à l'échelle mondiale. En mai l'année dernière, et malgré la crise du COVID, Victor Madrigal-Borloz l'expert indépendant sur "la protection contre la violence et la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre" a remis au Conseil des droits de l'homme de l'ONU un rapport très attendu sur "les pratiques dites 'thérapies de conversion'". Après des consultations publiques, des inspections sur place et la participation à plusieurs colloques et séminaires de type universitaire, ses conclusions sont sans appel : il existe, sur tous les continents, "des pratiques de nature très diverse, qui se fondent sur la croyance selon laquelle l'orientation sexuelle et l'identité de genre d'une personne, y compris son expression de genre, peuvent et devraient être changées ou réprimées lorsqu'elles ne correspondent pas à celles que d'autres personnes, dans un contexte et une époque donnée, perçoivent comme étant la norme, en particulier lorsque la personne est lesbienne, gay, bisexuelle, trans ou de genre variant". L'humanité dispose désormais d'études fiables et documentées relatives à ce phénomènes dans pas moins de 68 pays...

Rappelant les principes juridiques de non-discrimination, droit à la santé, interdiction des mauvais traitements, droit à la liberté de conscience et d'expression, l'expert onusien a également appelé les États membres à renforcer les législations contre ces pratiques, à développer les campagnes de sensibilisation auprès des familles et des éducateurs et, pour les pays encore concernés, à abolir ce qui conforte ces pratiques, à commencer par les "lois qui érigent en infraction la diversité d'orientation sexuelle et d'identité de genre". Si la médecine et la psychologie sont des lieux de légitimation de ce type d'actions, "l'approche confessionnelle" est explicitement mentionnée dans le rapport : "dans de nombreux contextes enclins à la religion, les pratiques employées visent souvent à traiter l'orientation sexuelle et l'identité de genre d'une personne comme une addiction qui peut être vaincue en suivant les préceptes d'un conseiller spirituel". Courage, fuyons ! 

dans de nombreux contextes enclins à la religion, les pratiques employées visent souvent à traiter l'orientation sexuelle et l'identité de genre d'une personne comme une addiction qui peut être vaincue en suivant les préceptes d'un conseiller spirituel.

Rapport de l'ONU de 2020 sur les dites "thérapies de conversion"

Des Églises inégalement conscientes et mobilisées

Malgré les données qui s'accumulent contre certaines pratiques qui trouvent leur justification dans des doctrines religieuses, en particulier chrétiennes, les Églises ne semblent pas encore pleinement conscientes de leur part de responsabilité, de la nécessité de mettre un terme à ces pratiques et d'envisager une forme de réparation à l'encontre des personnes qu'elles ont pu léser. Si le pape François a pu laisser planer à l'automne une forme de soutien ambigu à l'union civile entre personnes homosexuelles suite à la diffusion d'un documentaire, l'Église catholique en tant que telle n'a pas réagi à la publication du rapport au Conseil des droits de l'homme de l'ONU (où elle siège pourtant au titre d'État observateur). Alors que Courage continue de s'implanter en Écosse – territoire qui compte désormais autant de groupes qu'en Italie – un député vert du Parlement écossais, Patrick Harvie, a interpellé durant l'été les évêques locaux : "l'Église catholique écossaise doit agir rapidement non seulement pour condamner publiquement les thérapies de conversion mais pour faire cesser leur promotion par ses membres" (2). Appel déjà lancé ailleurs mais qui ne semble être entendu tant le mouvement catholique prosélyte  reste dans le déni concernant la dangerosité de ses méthodes... 

Malgré les données qui s'accumulent contre certaines pratiques qui trouvent leur justification dans des doctrines religieuses, en particulier chrétiennes, les Églises ne semblent pas encore pleinement conscientes de leur part de responsabilité, de la nécessité de mettre un terme à ces pratiques et d'envisager une forme de réparation à l'encontre des personnes qu'elles ont pu léser.

L'étude de la presse sur l'année 2020 porte également son lot de révélations aussi tragiques qu'ironiques : des affaires d'abus qui mettent en lumière les personnalités clivées de certains promoteurs d'homothérapies. L'année passée, c'est l'ancien responsable de Torrents de vie en Australie de 1999 à 2014, le pasteur presbytérien Ron Charles Brookman, qui a été convoqué par la justice pour répondre à une accusation d'agression sexuelle sur un mineur de 13 ans (3). En Suisse, la démission du curé de la cathédrale de Fribourg – suite à un dépôt de plainte par un ancien enfant de choeur âgé de 17 ans au moment des faits – a mis en lumière une connexion révélatrice : le prêtre suspendu avait été de 2017 à 2019 l'un des accompagnateurs du groupe Courage dans le diocèse de Paris (4).

Du côté des mouvements promoteurs des thérapies de guérison, face au changement de perception sociale de ces pratiques, des stratégies argumentaires d'atténuation et de relativisation sont de plus en plus visibles. Le pasteur Werner Loertscher, ancien responsable de Torrents de Vie France, mouvement lourdement incriminé dans une série de reportages en 2019 a fait une ré-apparition, à la fin de l'été 2020, dans le média de la fédération des Églises évangéliques suisses. S'il concède une "erreur" aux débuts du mouvement – celle d'avoir trop parlé de "guérison en lien avec l'homosexualité" – le pasteur n'en démord pas : "nous accompagnons ceux qui viennent à nous pour qu'ils puissent trouver leur identité" (5). 

Rappelons ici que l'argumentaire de la guérison peut être atténué assez facilement à travers des expressions comme "mise en conformité avec le plan de Dieu" ou toute autre forme de "restauration", "réparation" ou "remise en ordre" de la sexualité ou l'identité en conformité à une doctrine religieuse énoncée comme préalablement préférable, quand bien même elle irait contre les données des sciences psychologiques contemporaines. Sentant d'ailleurs bien que le lexique de la "guérison" entretient une confusion avec la sphère thérapeutique – et expose donc de plus en plus pénalement les organisations - on assiste, et je pèse mes mots, à un véritable révisionnisme qui consiste à occulter la part ancienne de certains acteurs chrétiens dans l'émergence d'une approche psycho-spirituelle qui se référait bel et bien à des données pseudo-scientifiques pour gagner en crédibilité... L'enjeu est donc bel et bien mémoriel et documentaire : il faut garder la trace de ce que les mouvements tendent à dissimuler au fur et à mesure des révélations de la presse ou des rapports d'organisations de défense des droits humains.

L'enjeu est donc bel et bien mémoriel et documentaire : il faut garder la trace de ce que les mouvements tendent à dissimuler au fur et à mesure des révélations de la presse ou des rapports d'organisations de défense des droits humains.

Une autre façon de contourner le problème pour les responsables des homothérapies est d'utiliser désormais le repoussoir d'autres thérapies plus intrusives – souvent rattachées à d'autres pays ou d'autres confessions – afin de justifier les siennes. Dans le média québécois le Verbe, le rédacteur en chef adjoint peut se réjouir, avec un brin de sentiment de supériorité catholique : "entre certaines Églises protestantes qui pratiquent l'exorcisme pour délivrer des personnes du démon de l'homosexualité et l'Église qui propose une vision précise de la sexualité humaine, il y a quand même une marge..." (6)  De même, pour le pasteur Loertscher apparaît-il regrettable d'assimiler l'action de Torrents de vie aux "thérapies de conversion où l'on intègre de la violence, des infections, des électrochocs ou de l'hypnose" (5).  Ouf, nous voilà rassurés !  Imaginons un instant, si dans l'étude des violences conjugales, on limitait l'étude aux seuls coups et blessures sans prendre en compte la dimension psychologique de l'harcèlement ou des propos tenus... Bref, la prise de conscience ne semble pas encore au rendez-vous pour certains acteurs de la sphère psycho-spirituelle de l'accompagnement de l'homosexualité.

Il faut toutefois relever le cadeau que fut, peu avant Noël, la déclaration de la Global Interfaith Commission de l'organisation LGBT+ Lives initiative signée par plus de 150 responsables religieux de différentes confessions. Parmi eux, on trouve l'évêque sud-africain Desmond M. Tuttu, le rabbin Mel Gottlieb de l'Academy for Jewish Religion ou encore le président de l'alliance mondiale baptiste : le pasteur Michael Ray Mathews... Le texte demande pardon "à ceux qui dont les vies ont été abîmées ou détruites sous le prétexte d'enseignement religieux" et appelle à la fin des thérapies de conversion d'origine religieuse : 

On relèvera cependant qu'aucun dignitaire catholique – si l'on excepte l'ancienne présidente de la République d'Irlande Mary MacAlees déjà connue pour ses opinions sur l'ordination des femmes – n'a jugé bon de s'associer à cette initiative portée par une évangélique, Jayne Ozanne, autrice d'un livre de témoignage qu'elle avait pourtant remise au pape François en 2019... Sauf Marina Zuccon, du Carrefour des chrétiens inclusifs, et, Mark Barwick le prêtre en charge de la communauté anglicane de Strasbourg, peu de Français ont répondu à cet appel, dommage. Mais est-ce véritablement surprenant tant les responsables catholiques semblent timorés sur cette question ? 

Des gouvernements qui tâtonnent vers une législation efficace

Même si les communautés religieuses sont inégalement engagées dans le processus d'acceptation de la diversité sexuelle et de genre, les États poursuivent quant à eux leur chemin en répondant à l'appel de l'ONU. Autour du monde, les gouvernements engagés contre les thérapies de conversion sont de plus en plus nombreux alors que les enjeux sanitaires ont plutôt concentré les efforts des responsables politiques. En janvier 2020, Pedro Sanchez, reconduit à la tête de sa coalition, s'est engagé devant les Cortes à légiférer. Au Canada, un projet de loi confédéral porté par le Sénat a des chances d'aboutir et le premier Ministre Justin Trudeau a redit qu'il soutenait la proposition. En mai, le Bundestag allemand a voté une loi qui criminalise l'incitation faite à un jeune à inverser son orientation sexuelle (les majeurs sont exclus de la législation). En juin, le ministre néerlandais de la Santé a déclaré vouloir mettre fin aux camps et sessions d'été sur l'homosexualité désignés comme des "gay cures". Durant l'été, Boris Johnson le Premier Ministre britannique, qui n'a pas été qu'affairé par la préparation du Brexit, s'est dit prêt à interdire les thérapies de conversion qu'il a qualifiées d' "odieuses"... Ce qui est d'une certaine manière réjouissant c'est que l'arc des sensibilités politiques, du socialiste Sanchez au conservateur Jonhson, est représenté dans ces projets législatifs.

En dehors de l'Europe, point de salut pour les LGBT ? Les bonnes nouvelles sont également venues de l'hémisphère sud où l'État d'Australie du Sud s'est lancé dans un processus législatif dans un pays où on estime que 10 % des jeunes LGBT australiens étaient susceptibles d'être touchés par une thérapie. En Israël, le projet d'interdiction a été accepté par la Knesset, le parlement israélien, au prix d'un conflit au sein de la coalition "blanc et bleu" du gouvernement... Notons, enfin, que Joe Biden, durant sa campagne, s'est dit favorable à l'adoption d'un projet fédéral d'interdiction. De retour dans le jeu des institutions internationales, les Etats-Unis gouvernés par les démocrates auraient un poids certain pour l'affirmation d'une diplomatie plus sensible aux enjeux humains du droit des minorités de genre et sexuelle. 

C'est donc dans ce contexte plus global qu'il convient donc de replacer la situation française : le 3 juin 2020, la députée Laurence Vanceunebrock-Miallon (LREM) dépose une proposition de loi. Cette dernière fait suite au rapport parlementaire qu'elle a remis avec son collègue Bastien Lachaud (LFI). Le texte de huit articles comporte la création d'une infraction spécifique dans le code pénal et l'instauration de circonstances aggravantes pour les délits déjà existants comme l'abus de faiblesse ou l'exercice illégal de la médecine. Il propose également un renforcement de l'enseignement scolaire au respect des différentes orientations sexuelles. Même si, durant un moment, elle a voulu sortir de la majorité, la députée LREM s'est dite confiante dans la capacité du gouvernement à intégrer les apports des de ses travaux.

Un collectif d'anciennes victimes, "Rien à guérir", s'est toutefois constitué pour demander, dans une tribune parue dans le Monde du 25 novembre une loi spécifique : "non, l'arsenal législatif ne suffit pas à lutter contre ces dérives !". Espérons que, en la matière, les tensions entre projets personnels et agendas politiques n'interfèrent pas avec la réalisation  d'un projet qui protégerait davantage les personnes LGBT vulnérables. 2021, l'année décisive pour une loi en France ? 

Les progrès, partout dans le monde, de la pénalisation des thérapies de conversion a fait également progresser la science juridique de la "légistique". Sur ce point, on peut saluer l'article de Jimmy Charruau, un juriste de l'université d'Angers, qui a fait rentrer la question dans la sphère universitaire du droit, jusque là très peu mobilisé sur questions (CHARRUAU 2020 a et b). Si le débat est un peu technique, si ce n'est aride pour les non initiés, les juristes débattent afin de cerner au mieux l'infraction commise. Le point de départ est toujours l'atteinte aux droits humains mais qu'est-ce qui est spécifiquement répréhensible : l'inscription forcée à un programme ? le fait d'y conduire un mineur ? la recherche du profit par les promoteurs des sessions ? Peter Gajdics, victime devenu militant très actif sur ces questions à Vancouver, a livré une réflexion très intéressante à la presse québécoise : "les législateurs doivent interdire ces tentatives de conversion une fois pour toutes, pas seulement pour ceux qui sont contraints ou forcés de s'inscrire. Il est certain que personne ne choisit la thérapie de conversion pour continuer à se faire vivre soi-même ce que la société lui fait subir depuis toujours". C'est en réalité tous les efforts qui cherchent à altérer, chez les majeurs comme les mineurs, une orientation sexuelle et, dans certaines circonstances, l'identité de genre qui doivent rentrer dans le périmètre de la loi.

2021, malgré le contexte sanitaire un peu pesant, s'ouvre donc avec espoir : en France, et partout dans le monde, les marges de progression restent énormes pour protéger la santé, mentale et physique, des personnes LGBT des mauvais traitements de toutes sortes ! 

Articles cités

(1) Nicolas SCHEFFER, "Marlène Schiappa annonce l'interdiction des 'thérapies de conversion' en France dans la loi sur les séparatismes"Têtu, 12 octobre 2020.

(2) Niall CHRISTIE, "Catholic Church told to shut down gay conversion therapy groups"The Ferret, 28 juin 2020.

(3) Lucy CORMACK, "Former inner west reverend with child sex offenses"The Sidney Morning Herald, 4 février 2020.

(4) Claire LESEGRETAIN, "En Suisse, trois enquêtes visent le curé de la cathédrale de Fribourg pour abus sexuel"la Croix, 11 février 2020 et Patrick CHUARD, "Un prêtre 'guérisseur de gay' mis en cause"la Liberté, 11 février 2020.

(5) "le Pasteur Werner Loertscher répond à ses détracteurs"lafree.info, 31 juillet 2020.

(6) James LANGLOIS, "la troisième voie"le Verbe, 21 novembre 2020.

Principales publications concernant les thérapies de conversion (année 2020)

Rapport de l'ONU

Victor MADRIGAL-BORLOZ, "Pratique des thérapies dites de conversion, rapport de l'expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre", Conseil des droits de l'homme, 44ème session, texte disponible en ligne sur le site de l'ONU. 

Études scientifiques

Jimmy CHARRUAU, "Les 'thérapies de conversion sexuelle', quelques propositions sur la loi française"la Revue des droits de l'homme, Actualités Droits-Libertés, 2020. 

____ , "l'interdiction des 'thérapies de conversion sexuelle', étude de droit comparé", Revue internationale de droit comparé, 2020-4, p. 1065-1088.

Travis SALWAY, Olivier FERLATTE, Dionne GESINK et Nathan J. LACHOWSKY, "Prevalence of Exposure to Sexual Orientation Change Efforts and Associated Sociodemographic Characteristichs and Psychosocial Health Outcomes among Canadian Sexual Minority Men"The Canadian Journal of Psychiatry, 2020, vol. 65 (7), p. 502-509. 

Revue de presse d'articles concernant les thérapies de conversion (année 2020) 

Ce document n'a pas la prétention à l'exhaustivité. C'est le relevé régulier des articles que je fais à travers ma veille sur les réseaux sociaux. C'est à partir de ces documents que j'ai réalisés ce petit bilan de l'année 2020. 

Autres

Caroline Benarrosh, "Tu deviendras hétéro mon fils", documentaire diffusé dans le cadre de l'émission le Monde en face, 8 septembre 2020.

Merci à Jérémy pour sa relecture attentive ! 
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Que désigne-t-on sous l'appellation "thérapies de guérison/conversion" ?

17 Juillet 2019 , Rédigé par Anthony_Favier Publié dans #Courage, #thérapie de guérison

Même si elle n'est pas d'un emploi facile, l'expression "thérapie de guérison/conversion" venant de l'anglo-américain tend à s'imposer dans le débat public. Combattre de telles thérapies c'est s'opposer aux programmes, sessions et autres gestes posés en vue de changer l'orientation sexuelle ou conforter une identité de genre en situation de transidentité. 

Néanmoins, les mots sont trompeurs et les promoteurs religieux ou psychologiques de ces programmes ont vite compris le potentiel qu'ils pouvaient tirer des ambiguïtés d'une telle expression. Ils ont beau jeu de se présenter comme "victimes" d'associations ou de politiques trop véhéments et jurent, sur leurs grands dieux, que jamais, oh non jamais !, ils ne font pas dans les "thérapies". Comme, en France, le débat est très marqué par la question de la légalité (interdire/autoriser), l'enjeu est vite très clivant. Dans une société judiciarisée, les acteurs sociaux qui dénoncent les "thérapies de guérison" ne sont jamais à l'abri d'accusation de dénonciation calomnieuse et les journalistes de demande de rectification d'articles.

Entendons nous bien : "thérapie de guérison" est une catégorie extérieure, d'emploi commode, que les acteurs n'utilisent pas nécessairement eux-mêmes. Cela n'empêche pas qu'il y ait une pertinence à l'employer. Ce petit billet est réalisé pour éclaircir l'usage de cette expression et voir, plus en nuances, ce qu'elle peut recouvrir. Voici un petit mémorandum à l'usage de celles et ceux qui souhaitent s'exprimer sur les "thérapies de guérison". 

Une définition générale et opératoire

Un chercheur a pu définir les thérapies de guérison "comme un ensemble de différentes pratiques visant à modifier — ou plutôt à rendre muette — une sexualité homosexualité pour une sexualité hétérosexuelle". On pourrait y adjoindre les pratiques qui souhaitent éteindre le désir des personnes trans d'opérer un passage vers l'autre sexe ou genre. Les femmes et hommes politiques engagés aujourd'hui dans la lutte contre les thérapies, notamment autour de la mission parlementaire, sont partis sur une définition très objectivée des pratiques visant à modifier l'orientation sexuelle de quelqu'un. Dans la mesure où certains groupes ne veulent pas "inverser" l'orientation sexuelle mais juste contenir l'expression d'une sexualité, on pourrait parler de thérapie d' "aversion" mais l'usage est peu fréquent. Dans la mesure où beaucoup de groupes proposent plutôt des "délivrances" ou des "conversions" dans un sens plus religieux, on voit fleurir aussi les expressions de thérapies de délivrance ou de conversions, sans qu'il existe de véritables différences dans ce que l'on désigne. On comprend toutefois bien, linguistiquement parlant, du besoin de disposer d'une expression pour désigner des pratiques s'opposant à l'affirmation d'une identité et d'une sexualité LGBT.

Pathologisation de la question LGBT et médicalisation 

Spontanément, quand on pense thérapies de guérison, on importe l'imaginaire américain sur la question. Il nous est bien connu par une série de films et d'ouvrages venant d'Outre-Atlantique qui relatent ce qu'il peut se produire dans des pays où la liberté religieuse peut tolérer bien des écarts aux droits humains. Sans forcément penser aux cliniques d'Amérique centrale pratiquant encore les électrochocs, les injections d'hormones et autres trépanations fantaisistes, il existe tout un courant qui assume la pathologisation psychique de l'homosexualité et refuse la déclassification de l'homosexualité et de la transidentité de la liste des pathologies curables. En France, Dieu soit loué, de telles situations n'existent pas vraiment dans la mesure où la condamnation de l'exercice illégale de la médecine, la désapprobation publique de tels actes et la conception tatillonne de la neutralité religieuse ont (encore) un rôle de "barrière" contre ces pratiques.

Le cas particulier des pratiques (para)psychologiques

Cela n'empêche pas des experts de mettre en avant des discours fantaisistes en jouant sur la frontière avec une pratique médicale. Cela est particulièrement vrai avec l'exercice de la psychologie et de la médiation familiale. Le cas le plus connu est peut-être Tony Anatrella en contexte catholique. Ce dernier jouait sur l'ambiguïté de son statut de prêtre et de psychologue. Il avait développé une méthode particulière dans laquelle il proposait une "revirilisation" des hommes en déficit de masculinité par des techniques psycho-corporelles. Depuis ses soucis avec sa hiérarchie, il semble s'être retiré du conseil aux novices et séminaristes homosexuels catholiques.

Les idées de Tony Anatrella continuent d'irriguer, toutefois, les cercles catholiques. Les éditions des Béatitudes viennent ainsi de publier un ouvrage du psy Laurent Perru, Masculin en crise, avec une préface du jésuite fondateur de la communauté (charismatique) du Chemin neuf. On y retrouve les mêmes thèmes que dans l'œuvre de Tony Anatrella et un fort référencement à ce dernier. Elisabeth Content, présenté comme une "psychologue" accompagnant le mouvement Courage en 2017 dans le journal catholique ​​​​​​la Croix,  et qui était une médiatrice familiale propose une autre figure d'experte en contexte catholique qu'il conviendrait d'interroger plus en profondeur. Selon quelles modalités ces personnes mettent-elles en avant leurs compétences académiques ou professionnelles pour proposer aux personnes LGBT de rester continents ? On peut postuler d’une présentation de l’orientation sexuelle gaie bie ou lesbienne de manière péjorative et partiale (immaturité affective, développement psycho affectif non abouti, sexualité dépressive ou assimilée à une addiction...) C'est un terrain d'investigation malheureusement peu envisagé aujourd'hui. Certains courants charismatiques du catholicisme postulent aussi de l'homosexualité comme une blessure intérieure et proposent, à mi-chemin entre psychologie et religion, et proposent une réparation par l'amour (le courant de l'agape thérapie par exemple). 

Il n'existe pas d'ordre des psychologues et au nom d'une liberté de pratiques comprise dans un sens très large, aucune société savante, syndicat ou organe déontologique ne semble prêt aujourd'hui à se confronter à ce problème. 

Disqualification de l'identité LGBT et réponse religieuse

L'autre source de "thérapies de guérison" est religieuse. Il faut comprendre que, dans le christianisme, la guérison peut avoir un sens plus spirituel ou symbolique, sans que cela dédouane la responsabilité de celles et ceux qui se livrent à ce genre de pratiques. Cela a une origine "scripturaire" (dans les écritures saintes) dans la mesure où Jésus, dans son ministère public, a envoyé les disciples annoncer la bonne nouvelle ainsi que soigner les malades et les démoniaques. Si le ministère de "guérison" a des frontières différentes selon les confessions chrétiennes, c'est un moyen parfois de re-pathologiser, non par la médecine, mais par la religion, la question LGBT. En tout cas, dans notre monde contemporain, les religions assument le plus l'idée que l'homosexualité et la transidentité sont des désordres à combattre, d'où la tentation permanente pour elles de s'opposer aux mouvements d'émancipation LGBT depuis les années 1960 et la nouvelle tolérance sociale. 

La contradiction la plus évidente auxquels font face les promoteurs religieux des "thérapies" c'est toutefois le déterminisme ou non du désir LGBT. Soit seul Dieu peut agir et "libérer" les personnes, soit les personnes ont les ressources nécessaires, avec l'aide de Dieu et de ses officiers, pour parvenir à la délivrance. D'où deux sous-familles de thérapies de guérison en contexte religieux qu'on peut voir : 

  • les thérapies de la délivrance : certains postulent de l'origine totalement extérieure du désir combattu, d'où l'idée que seul un secours extérieur est à même de débarrasser les personnes, incapables de trouver en elles seules les ressources pour s'en séparer. Ce type de raisonnement conduit à l'exorcisme ou la délivrance entendue dans un sens religieux. Ce schéma est plutôt protestant : Dieu, par le truchement d'un pasteur ou de laïcs investis, peut agir pour "délivrer" les LGBT. Les actes prodigués pour y parvenir sont : des prières avec imposition de main, des délivrances de démons, parfois identifiés par des pasteurs ayant reçu des "dons", des rites baptismaux, mais également des jeûnes... Des cas de "baptême par hydrocution" ont été parfois avancés sans que l'on ne dispose actuellement de confirmation factuelle. 
  • les thérapies du combat intérieur : certains postulent, au contraire, de la capacité de l'individu, par une discipline et une forme d'ascèse, de se débarrasser, avec la grâce de Dieu, de leur désir. Le combat se situe donc entre les actes et les personnes. Les prières et les sacrements, de même que le secours du groupe, peuvent être présents mais pas centraux dans le retour vers la sexualité postulée comme normale. L'abstinence est érigée comme un modèle. Cette façon de penser est plus conforme au contexte catholique dans la mesure où 1) l'exorcisme n'est pas employé car l'homosexualité n'est pas associée à un démon et que le rituel est très encadré (un prêtre par diocèse dévolu à cette tâche), 2)  cela rejoue la vieille distinction entre actes et personnes de la théologie morale catholique et 3) il y a une valorisation forte de l'absence de rapports sexuels lié au célibat sacerdotal ou religieux.

Néanmoins, cette typologie est limitée dans la mesure où des mouvements comme Torrents de vie et Courage peuvent participer concomitamment aux deux modèles. Dans le schéma évangélique classique, on valorise ainsi beaucoup la figure du "repenti" selon le schéma du "Born again" qui, après une vie de péchés et d'égarements, connaît la réhabilitation dans sa relation à Jésus. Dans ce cas, la conversion joue le rôle de l'acte de délivrance et de retour à la normalité. On le retrouve dans les deux mouvements. De même, à Torrents de vie, l'imposition des mains et la prière collective ne semblent pas "débarrasser" de manière performative du désir et semblent plutôt diriger la responsabilité vers le sujet lui-même. Il n'en reste pas moins que le religieux joue un rôle très important aujourd'hui dans l'univers des thérapies de guérison.

Faute de plaintes de victimes, les mouvements et les personnes se livrant à ce genre d'actes assument l'idée qu'ils ne font que "proposer" à des personnes qui "disposent" de liberté d'y adhérer ou pas. On peut néanmoins pointer les risques 1° d'emprise, 2° d'altération du jugement et 3° d'abus spirituel. Comme je l'ai indiqué, à de nombreuses reprises, des signaux bien connus doivent mettre en garde les responsables religieux du potentiel de dérives que portent les promoteurs de ces courants psy de dévalorisation de la sexualité LGB ou de la transidentité. 

***

De manière générale, on manque d'études sérieuses et de qualité sur la galaxie, complexe et multiforme, des thérapies de guérison en France. On ne peut qu'espérer que la médiatisation grandissante des plaintes des victimes conduira à une meilleure prise en charge par les pouvoirs publics de cette question.

Différents types de thérapies de guérison, délivrance ou conversion

Thérapie au sens strict Thérapie para-psychologique Thérapie au sens religieux 
  • pathologisation de l'homosexualité ou de la transidentité 
  • proposition d'un traitement, avec le vocabulaire médicale, et des soins
  • protocole empruntant aux sciences psychologiques 
  • possibilité d'une combinaison avec des éléments plus théologiques
  • l'homosexualité ou la transidentité sont vues comme une possession ou un péché à combattre.
  • l'acte homosexuel est peccamineux et par l'ascèse, la discipline et les sacrements on doit s'en débarrasser.
en France ? 

Tony Anatrella et ses émules

les sessions Agapèthérapies de la Communauté des Béatitudes ("Guérison des blessures profondes", "Renaître à la vie") 

les accompagnements de l'Association de formation chrétienne à la personne et des instituts qu'elle gère (Institut Karol Wojtyla, fondation La Dauversière) 

Oser en Parler 

Torrents de vie

Courage

Père Manjackal 

Henry Lemais, Debout Resplendis

les ateliers homosexualité dans le Festival de la Communauté de l'Emmanuel à Paray-le-Monial 

 

 

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2019, une année décisive dans la lutte contre les thérapies de guérison ?

26 Décembre 2018 , Rédigé par Anthony_Favier Publié dans #Courage, #thérapie de guérison

Dans mes activités en tant que Co-président de D&J et observateur engagé du christianisme français contemporain, je suis souvent interrogé par des des chercheurs ou autres sur les "thérapies de guérison". Dans la mesure où différents pays ont réglementé ces pratiques ou envisagent de le faire, je reçois un nombre grandissant de sollicitations pour me demander ce qu'il en est en France. Il n'y a pas de réponses évidentes à cette question et nous ne disposons pas vraiment de ressources sur la question de grande qualité. Pour éviter des redites, je poste ici ce que je formule usuellement à mes interlocuteurs. 

Une zone grise de l'homophobie

Il existe toute une série de pratiques, à la gravité variée, qui se situent dans une zone grise d'homophobie souvent plus, d'ailleurs, que dans le monde de la "thérapie de guérison" d'importation anglo-saxonne en soi. On est plutôt au carrefour de l'abus psycho-spirituel, de l'emprise mentale ou plus prosaïquement du charlatanisme. L'inquiétude vient également, et ce point m'attriste de plus en plus, des cours d' "éducation affective et sexuelle" dans les établissements privés sous contrat. S'y mêlent, sans un encadrement clair, des personnes de bonne et de mauvaise volonté pouvant parfois diffuser une culpabilité à travers des propos implicites (modèle "Thérèse Hargot"). Cela peut être inquiétant dans la mesure où on peut y identifier également des acteurs qui font le lien avec le monde psycho-spirituel au potentiel dangereux. 

Aujourd'hui, toutefois dans le cadre des mes activités militantes à David & Jonathan et mes différentes recherches, je peux plus clairement désigner deux grands pôles à surveiller ainsi que des acteurs isolés, peut-être plus marginaux, mais tout aussi engagés de manière problématique dans des pratiques et discours sur l'homosexualité et la transidentité.

Le pôle protestant

Le premier est lié au protestantisme et le mouvement bien identifié est "Torrents de vie" qui organise une séminaire d'été en Ardèche près de Viviers. D'autres groupes protestants, parfois proches des "attestants" de l'EPUdF ou des communautés évangéliques, peuvent pratiquer des prières de "délivrance" et parfois importent, sans vergogne, les pires programmes de conversion venant des États-Unis. Il existe peut d'indications sur les communautés post-chrétiennes d'importation américaine type Saints des derniers jours ("mormons") ou Jéhovah mais il y aurait sûrement à se documenter sur la façon dont on accompagne les personnes LGBT. 

Le pôle catholique 

Le second pôle d'inquiétude est catholique et il est peut-être davantage connu désormais. L'alerte vient surtout des mouvements, groupes et personnes liés aux nouvelles communautés du "renouveau charismatique" (nom donné aux pratiques néo-pentecôtistes reconnues par le pape Paul VI en 1975). En France, les têtes de gondole de cette mouvance sont les Béatitudes, la Communauté de l'Emmanuel et le Chemin Neuf. En son sein, le groupe le plus à surveiller est assurément "Courage France" fondé en 2008 dans le diocèse de Toulon-Fréjus par le père Louis-Marie Guitton. Il propose officiellement de vivre selon les termes du catéchisme catholique (sans rapport sexuel). Mais c'est très ambigu dans la mesure où il assimile toujours la sexualité homosexuelle, et le mode de vie LGBT, à une addiction dont il faut se débarrasser par le groupe de parole et le soutien spirituel.

Les acteurs isolés 

À ces mouvements s'ajoutent des acteurs isolés au profil varié. Le plus ancien et qui semble ne plus être en activité est Tony Anatrella. Prêtre catholique, longtemps éminence grise de l'épiscopat français en matière de sexualité, il a été condamné par la justice canonique de l'archidiocèse de Paris l'été dernier. Dans des conférences, qui sont encore en ligne sur des sites catholiques, il exposait d'étranges théories, s'inspirant de Wilhelm Reich, qui préconisent des impositions de main pour transférer de la masculinité à des personnes qui en seraient déficientes. S'il y a eu des non lieux dans des procès l'opposant à d'anciens séminaristes ou novices d'ordres religieux, qui avaient été ses patients, il y aurait là matière à creuser si un jour une loi contre les thérapies de guérison venait à être mise au point. Anatrella a-t-il essaimé des "psys" (et/ou prêtres) pratiquant ces gestes psycho-corporels sur le territoire français ? On est encore dans l'ordre des présomptions mais c'est un scénario malheureusement possible. 

Enfin, deux éléments individuels propagent les thématiques de la « guérison intérieure » de l’homosexualité conçue comme une blessure spirituelle enracinée dans l’enfance : un laïc canadien qui fait des tournées en France : Henri Lemay. Et un prêtre indien du renouveau charismatique, auteur d’un ouvrage Guérison pour une vie nouvelle : le père Manjackal. Ils agissent souvent dans des salles paroissiales ou des lieux laïcs type campings. Lorsqu'on interroge les responsables catholiques sur de tels agissements, on obtient souvent comme réponses que cela advient en dehors de l'autorité des évêques. Ces derniers ne se sont jamais empressés, pourtant, de les dénoncer de manière préventive publiquement. 

Une loi pour interdire de telles pratiques ? 

La députée LREM de la deuxième Circonscription de l'Allier, Laurence Vanceunebrock-Mialon, est assurément la femme politique le plus engagée contre ces pratiques. Elle a déjà indiqué à de nombreuses reprises dans la presse vouloir déposer une proposition de loi pour créer un délit pour changer volontairement l'orientation sexuelle de quelqu'un. Néanmoins, devant la faiblesse de la documentation ou de la matière judiciaire sur cette question, il reste encore difficile pour elle de mobiliser ses collègues.

C'est pourquoi, à mon sens, toutes les personnes engagées sur ce terrain ont un immense travail de documentation et de réflexion à faire. Il faut encourager tout ce qui permettra de faire sortir les victimes de ces programmes de guérison/délivrance de leur silence. L'emprise mentale, la culpabilité d'avoir subi quelque chose de traumatique ou tout simplement la pudeur peuvent conduire à une forme d'auto-censure. Plus les personnes qui connaissent dans leur entourage ou dans leur vie de telles situations se fédéreront, parviendront à l'exprimer et le rendre public, plus une  législation pourra voir le jour.

Formulons donc ce vœu pour 2019 : qu'advienne une loi pour interdire toute pratique, à contenu laïc ou religieux, pseudo médical ou pseudo religieux, visant à modifier l'orientation sexuelle de quelqu'un en situation de vulnérabilité ! 

Mes remerciements vont à un militant du centre de lutte contre les manipulations mentales (CCMM) pour son travail de veille concernant un grand nombre de groupes charismatiques officiant dans le domaine flou de la "guérison" intérieure. 
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